Journée des bonnes nouvelles
Un coup de tonnerre ou, en tous les cas, un verdict qui fera date. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu hier un jugement extrêmement fouillé qui représente une bonne nouvelle pour l’environnement. L’instance de droit a en effet condamné la Suisse pour inaction climatique dans le cadre d’une requête déposée par les Aînées pour le climat, un groupe de 2500 femmes de plus de 64 ans.
La portée de cet arrêt est considérable: il fait le lien entre droits humains et droits climatiques. Les associations de défense du climat ont été jugées compétentes pour saisir la Haute Cour. Cela ouvre la porte à d’autres requêtes de ce type au niveau des 46 Etats membres du Conseil de l’Europe, susceptibles de faire avancer ce dossier si crucial pour la survie de l’humanité.
La décision de la CEDH peut aussi être appréciée à l’aune d’une certaine stabilité juridique. Alors qu’au niveau des institutions politiques tout semble voler en éclats, avec notamment une montée de l’extrémisme de partis antidémocratiques et un brouillage de valeurs politiques et morales, les juges de Strasbourg remettent l’église au milieu du village.
En cela, l’arrêt s’inscrit dans un retour en grâce du droit international, comme cela a été le cas avec la récente décision de la Cour internationale de justice qui a sommé Israël de prendre des mesures par rapport à un risque de génocide dans la bande de Gaza.
Ce rappel des fondamentaux, du droit impératif, est aussi une reconnaissance de la légitimité des luttes de la société civile. Les activistes du climat franchissent parfois les limites de la légalité – il n’existe pas un droit inaliénable de se coller la main au bitume –, mais ces actes de résistance civile non violente s’inscrivent dans un combat fondamental dont la légitimité a été reconnue hier.
Et maintenant? La Suisse a été condamnée, notamment pour cause d’absence d’un budget carbone et pour ne pas avoir de limites claires et chiffrées en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Elle paie notamment le rejet de la loi sur le CO2 en 2021 et surtout l’influence des lobbies inféodés aux logiques pétrolifères.
Les partis conservateurs ont poussé des cris d’orfraie en dénonçant une attaque contre la démocratie semi-directe. Des propos à la limite du grotesque. Aucun pays ne peut se soustraire au droit supérieur. Et, au-delà de l’aspect juridique, l’échéance climatique est déjà là. La politique de l’autruche illustrée hier par le PLR, l’UDC et même le Centre révèle l’incapacité de cette droite conservatrice à s’imaginer dans un projet de société digne de ce nom. Ils font partie de l’ancien monde. Une bonne nouvelle de plus.