Qui veut la paix?
Paix, on ne l’entend pas ce mot, c’est de guerre que l’on parle au sujet de l’Ukraine. Astiquer nos armements pour montrer les muscles à Poutine, voici un langage qui plaît. L’imaginer baisser la tête devant la force légitime de l’état de droit, c’est le happy end qui devrait clôturer le scénario dit et répété de ce côté-ci du monde. Pourtant, on pressent que cette paix imposée a moins de chance d’aboutir qu’un conflit étendu et redouté.
La paix reste une option pourtant, à condition que chaque partie en présence soit capable d’un léger recul sur sa façon de se raconter l’histoire. Le gouvernement russe d’abord et son audience captive. Serait-il prêt à envisager la libre décision des Ukrainiens de se rapprocher de l’Europe? Et nous occidentaux, politiciens, médias en particulier et opinion publique, serions-nous disposés à percevoir la complexité historique et géopolitique de l’Ukraine? Et le besoin crucial de la Russie de sécuriser ses frontières? Et les Ukrainiens surtout, pourraient-ils admettre que l’état de droit auquel ils se réfèrent implique le respect des opinions multiples, et donc le respect d’une part de leurs citoyens qui restent solidaires de l’identité russe? Est-ce déjà trop tard pour rêver de paix? Accrochée à son narratif, chaque partie se crispe toujours plus vers la solution du pire. Il aurait pourtant suffit d’un léger déplacement des regards respectifs pour que l’Ukraine demeure ce grand pays de transition entre deux cultures. Et qu’avec ses habitants nous puissions en tout temps traverser le pont entre Russie et Europe, curieux et enchantés.
Utopie? Chacun est responsable d’oser un autre regard, d’oser un peu du regard de l’autre. C’est là la seule option pour la paix.
Fabienne Cellérier Probst,
Aire-la- Ville (GE)