Une action symbolique
Commençons par du factuel indiscutable: la Mission permanente d’Israël auprès des Nations unies a son siège au 1-3 avenue de la Paix, à Genève. La Mission permanente de la Fédération de Russie auprès des Nations unies a le sien au 15 de la même avenue de la Paix.
Avenue de la Paix…, Russie…, Israël. Allez, cherchez l’intrus dans l’énumération! A l’heure où nous sommes très nombreux à ravaler notre indignation devant les événements récents liés à ces nations, à celle où on se sent si impuissant devant l’horreur qui semble par ailleurs confiner nos autorités dans les limites de réactions policées, il m’est venu une idée saugrenue que j’ai l’indulgence de penser qu’elle n’est pourtant pas si sotte.
Pas besoin d’avoir un doctorat en géopolitique pour réaliser l’inadéquation de l’adresse de ces deux institutions. On ne peut certes agir sur la présence de ces représentations diplomatiques à Genève, mais nos édiles ne sont ils pas souverains en ce qui concerne le nom des rues des lieux qu’ils administrent? Alors, pourquoi ne pas renommer dans les plus brefs délais l’avenue de la Paix «Avenue Rafah»?
Et quid pour la mission de la Fédération de Russie me direz-vous? Ce n’est de la faute de personne si ces deux institutions ont le mauvais goût d’avoir pignon sur la même rue, mais la présence au 24 rue Schaub du consulat de la Fédération de Russie permet éviter une inégalité de traitement: rebaptisons au plus vite la rue Schaub «Rue Alexeï Navalny»!
Nul doute que l’actualisation des références géographiques sur les documents de ces administrations empêchera quiconque d’ignorer la désapprobation liée à leur politique récente…
L’action symbolique, adaptable à Berne et dans toutes les villes accueillant un service diplomatique coûtera quelques plaques émaillées, un peu de paperasse et une petite dose de courage. Ce n’est certainement pas trop demander en regard de tant d’horreur…
Philippe Gander,
Grand-Saconnex (GE)