«Rien ne saurait justifier ni excuser ce terrorisme.» Un hommage aux 42 victimes françaises de l’attaque du Hamas du 7 octobre s’est tenu hier, mercredi, aux Invalides, à Paris. Au même moment, le massacre de civils se poursuivait à Gaza. La «riposte» indiscriminée d’Israël, lancée il y a bientôt quatre mois, fait planer le risque d’un génocide à l’échelle de toute une population. Un risque que la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction des Nations unies, a reconnu sans ambiguïté le 26 janvier dernier; enjoignant Israël à prendre une série de mesures qui, pour l’heure, ne sont pas appliquées.

Au contraire, la situation s’aggrave de jour en jour. Ce sont la faim, les maladies et le désespoir qui constituent le pain quotidien de près d’un million et demi de Palestinien·nes entassé·es dans le sud de Gaza, sous les bombardements ininterrompus. Confrontés à l’inflexibilité de Benjamin Netanyahou, les gouvernements occidentaux, Etats-Unis en tête, temporisent et maintiennent leur soutien à Israël. En refusant d’appeler au cessez-le-feu et en poursuivant la livraison des bombes qui pleuvent sur les civils de Gaza, ils se rendent de facto complices du massacre. Les morts s’accumulent et les otages israéliens, eux, n’entrevoient pas la fin de leur captivité.

«Nous savons que nous ne sommes pas juste 68 millions [de Français] aujourd’hui. En ce jour, nous sommes beaucoup plus: un peuple épris de liberté, de fraternité, de dignité, un peuple qui ne les oubliera jamais.» La compassion pour les familles des victimes françaises du 7 octobre est légitime, pourtant les mots du président Macron se bousculent sans parvenir à faire sens. Le sentiment d’impuissance, déjà douloureux, se double d’un profond malaise face au «deux poids, deux mesures» qu’ils expriment. Vertige existentiel, quand le cynisme d’Etat nous prive y compris de la valeur des mots – jusqu’aux plus chers. «Liberté, fraternité, dignité» se meurent à Gaza.