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L’anéantissement des Palestiniens de Gaza

Carol Scheller-Doyle se demande si l’histoire est condamnée à se répéter.
Proche-Orient

Les gens de Gaza semblent être programmés pour mourir. La guerre va durer longtemps selon le premier ministre, mais l’armée est confiante. Tout est établi et depuis longtemps. Il y aura même les nouveaux missiles que les Etats-Unis se préparent à envoyer. Tout va bien.

Après, il y aura une terre ravagée, dépouillée de son héritage culturel, mais il y aura toujours du pétrole dans la mer. Heureusement. Le nettoyage, c’est vrai, prendra un temps considérable mais ça générera du travail. On trouvera des solutions pour disposer des corps. Ça ira.

Il faudra remercier quatre personnes pour leur contribution à l’issue finale de cette opération: Antonio Guterres, secrétaire de l’ONU, maîtrise la parole passionnée et vide; Dr Tedros Ghebreyesus, directeur général de l’OMS qui dénonce une situation apocalyptique sans prendre une seule mesure pratique; Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA, qui plaide pour une aide humanitaire destinée à des personnes vouées à la mort par bombe, faim ou maladie. Mais l’aide dont les Gazaouis ont un besoin criant est un cessez-le-feu immédiat et permanent.

Et Volker Türk, Haut-Commissaire de l’UNHCR, excelle dans des discours qui n’aboutissent à aucune action concrète.
Sans cela, ces responsables donnent de faux espoirs et ne font que prolonger l’agonie du peuple de Gaza. Les manifestations populaires partout dans le monde demandent le cessez-le-feu. Mais les autorités politiques, y compris le gouvernement suisse, n’aiment pas la chanson «Imagine» de John Lennon. Leur manque d’imagination est criminel.

Souvenez-vous de Srebrenica? Savez-vous que le génocide de Srebrenica fut planifié trois ans avant le massacre pendant que des individus capables d’intervenir savaient et ont choisi de ne rien faire? Aucune des personnes, mais aucune, qui avait le pouvoir d’influencer la suite des évènements n’a levé le petit doigt. C’est après coup que le monde a appris de la Cour internationale de justice de la Haye qu’à Srebrenica, il y a bien eu lieu un génocide.

Alors l’histoire est condamnée à se répéter, à moins que quelqu’un avec une vision et une voix décide d’agir. L’ONU est peut-être dépassée pour de bon. Comment expliquer à nos enfants qu’on laisse faire? L’exemple de ce désinvestissement total pèsera sur la conscience de tout acteur potentiel qui reste passif. Il enlève la joie de vivre à toute personne sensible qui se sent impuissante devant le crime de l’anéantissement des Palestiniens de Gaza.

Carol Scheller-Doyle,
Chêne-Bougeries (GE)

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