La vie même
Allez, on lève un peu le pied en cette fin d’année. Et quelle année… On croyait avoir touché le fond avec l’épidémie de Covid, puis le déclenchement de la guerre en Ukraine. C’est maintenant le Moyen-Orient qui s’embrase.
Il y a de quoi désespérer de l’état du monde. Mais aux personnes que le doute étreint, rappelons que le repli peut se révéler encore plus mortifère que la réalité qu’on essaie de fuir. L’enfermement est synonyme d’anémie mentale.
Et surtout, soulignons que l’histoire est faite de périodes sombres. En pleine Seconde Guerre mondiale, il fallait une bonne dose d’optimisme pour croire en l’avenir. Pourtant, des hommes et des femmes ont mis en avant la primauté de la personne humaine, comme l’ont fait en France, par exemple, les auteurs et autrices du Programme du Conseil national de la Résistance. Avec la mise en avant de grands principes – liberté de conscience, égalité devant la loi, retour du suffrage universel – mais aussi des valeurs très concrètes, comme l’idée d’une presse libérée du pouvoir de l’argent.
L’utopie, c’est aussi cette capacité à ne pas rompre certains liens sociaux, à nourrir la démocratie, le dialogue dans les différences. Cette prééminence de la dignité, cultivons-la, à contre-courant des vents mauvais qui soufflent ces jours-ci. Au rejet de l’autre dans les législations anti-migrant·es qui voient le jour un peu partout, il convient d’opposer une démocratie faite de fraternité et d’égalité. Face au consumérisme censé donner un sens à la vie, il est urgent de rappeler les besoins de convivialité, d’échange et de dialogue.
Personne n’est condamné·e à céder aux diktats des modes et des idéologies dominantes. Les personnes qui mettent en avant les valeurs du vivre ensemble se sentent souvent isolées dans leurs choix de vie. Et pourtant, elles sont plus nombreuses qu’elles ne l’imaginent. Un projet comme Le Courrier est aussi une manière de faire cohabiter ces altérités.
Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de souffler un peu, de se parler, d’échanger, de rire, bref de retrouver les vraies priorités de l’existence. Ne nous privons pas de ce qui fait la beauté et le sel de la vie, c’est aussi une forme de résistance face au cours démoralisant de l’actualité. Une manière de dire: «vous n’aurez pas notre joie de vivre». Cette positivité sera toujours plus forte que toute la misère du monde qui obscurcit – temporairement – le réel.