Dans sa lettre «La CICAD a besoin de vous» du 4 décembre, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation m’informe que «depuis le 7 octobre dernier la CICAD dénombre 250 actes antisémites en Suisse romande. Cela ne doit pas nous laisser indifférents».

A mon tour, j’informe la CICAD que, depuis le 7 octobre, 1200 Israélien·nes et 18 800 Palestiniens¹>Bilan du Ministère de la santé palestinien au 14 décembre. ont été massacré·es. Ces atrocités ne me laissent pas indifférente. Depuis trop longtemps, je n’ose pas m’exprimer librement sur ce sujet. Aujourd’hui, je n’ai plus d’excuse. Le gouvernement d’Israël serait en train de commettre un génocide. Et les crimes des gouvernements successifs d’Israël n’ont pas commencé le 7 octobre 2023.

Je ne vais pas débattre sur les faits avec la CICAD. J’ai assez lu depuis des décennies pour savoir ce que je pense. Je ne vais pas changer d’avis. En tant qu’antiraciste, antimilitariste, socialiste et féministe, je défends les droits humains de tous les peuples du monde. Je ne vais pas débattre de la définition «d’actes antisémites» non plus. L’antisémitisme existe; il faut le combattre.

Mais l’essentiel aujourd’hui n’est pas les gribouillages sur les murs de Genève. C’est que cessent les massacres – pas pour quatre jours, pas pour quatre mois, pas pour quatre ans. Pour de bon. Pour cela, il faut la justice. Ce n’est pas compliqué, contrairement à ce que disent de soi-disant experts. Le massacre d’Israélien·nes et le massacre de Palestinien·nes depuis le 7 octobre sont le résultat prévisible, et donc évitable, de 75 ans d’injustice. Tous ces êtres humains sont victimes de la même cause profonde. Israël n’aura jamais la paix, et la Palestine non plus, sans la justice. Tous les peuples soumis à l’oppression incessante et violente, ayant tout essayé, réagissent tôt ou tard par des actes de désespoir.

Enfin, après tant d’années, j’ose poser une question à la CICAD: «Est-ce que vous percevez une connexion entre des actes qualifiés d’antisémites depuis le 7 octobre et ce qui se passe à Gaza?» Si vous admettez une connexion et que vous combattez le véritable antisémitisme, ne serait-il pas le moment, comme le font «les Justes» d’aujourd’hui parmi les juifs et les juives à travers le monde, de déclarer haut et fort «Pas en mon nom!»? Not in my name!