Édito

La solidarité contre le désespoir

La solidarité contre le désespoir
Le camp de Jénine ce 14 décembre, troisième jour de bombardement consécutif par l'armée israélienne. KEYSTONE
Bande de Gaza

«Israël a besoin de plusieurs mois pour vaincre le Hamas», a déclaré jeudi le ministre israélien de la Défense. Que restera-t-il alors de Gaza? Y aura-t-il seulement des survivant·es? Surréalistes et effrayants, ces propos donnent la mesure d’une riposte aveugle qui, pour cibler les combattants du Hamas, rase des quartiers entiers et massacre sans aucune retenue des civil·es, femmes et enfants en majorité, par milliers; 85% des habitants ont été chassés de chez eux et le risque d’un «nettoyage ethnique», une expulsion vers l’Egypte, est bien réel.

L’horreur est à son comble. La situation à Gaza est «apocalyptique», prévient Josep Borrell, diplomate en chef de l’Union européenne. Des rapporteurs de l’ONU n’hésitent plus à parler de «génocide»; la Fédération internationale pour les droits humains leur emboîte le pas, ajoutant que «les Etats et les individus qui fournissent une assistance à Israël en sont complices». A minima, des crimes de guerre et contre l’humanité – y compris contre leur personnel sur place – sont dénoncés par des organisations telles qu’Amnesty International, Human Rights Watch, Médecins sans frontières, Médecins du monde, l’OMS et l’agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).

Cette dernière vient d’échapper – provisoirement – à une nouvelle attaque venue de Suisse, ciblant ses fonds. La suppression de la contribution fédérale (20 millions de francs), votée par le Conseil national, a été refusée jeudi par le Conseil des Etats. L’UNRWA peut souffler, mais ce nouveau coup bas, au pire moment, qui fait suite à la menace sur l’appui suisse à des ONG d’aide humanitaire au peuple palestinien, donne la mesure du rapport de forces. Les Palestinien·nes, plus que jamais, sont les damné·es de la terre. Il ne leur sera rien épargné. Israël l’a dit et répété, son projet, le châtiment collectif de toute une population après l’attaque criminelle du Hamas du 7 octobre, ne tolérera aucune entrave. La complicité de nos Etats est insupportable.

Et ce ne sont pas les Etats-Unis, pourvoyeurs des bombes qui tuent et mutilent chaque jour à Gaza, qui mettront un frein à cette folie. Devrait-on attendre du premier des Etats impérialistes, lui-même colonial et bâti sur le génocide des Amérindien·nes et l’esclavage des Africain·es, interventionniste partout sur la planète, qu’il se désolidarise du projet expansionniste israélien? En réalité, Joe Biden perpétue une longue tradition de cynisme politique.

Alors, l’espoir? Il existe. Il se manifeste dans le vaste mouvement de solidarité internationale avec le peuple palestinien, depuis la base, loin des chancelleries. Quand des syndicats à Liège, Gênes, Barcelone, Melbourne, Oakland ou Toronto tentent de bloquer des livraisons d’armes à Israël. Quand la jeune génération juive antisioniste occupe la gare centrale de New York, tandis que ses aîné·es s’enchaînent aux portes de la Maison-Blanche en scandant «halte au génocide», «pas en notre nom». Quand les supporters dans les stades irlandais, écossais, basques, marocains ou grecs brandissent les couleurs noire, blanche, rouge et verte au grand dam de leurs fédérations.

La solution viendra des peuples. De leur refus d’abandonner la Palestine aux marchands de mort et de désespoir. De la clameur qui, ce week-end encore, résonnera dans les rues pour exiger le cessez-le-feu immédiat à Gaza.

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