La prévention en difficulté
Le Grand Conseil vaudois a récemment refusé d’interdire totalement la publicité pour le tabac. Le fait est que les doctrines très libérales ne sont guère intéressées par la prévention. Elles commencent toujours par s’opposer, ou pour le moins par émettre de sérieux doutes, au nom de craintes indues pour la sacro-sainte liberté de faire tout et n’importe quoi.
Relevons que personne ici n’entend retirer à l’individu adulte le droit de fumer, même si les dégâts qui y sont liés sont bien démontrés (10’000 décès annuels en Suisse). On garde le droit de faire des choses au détriment de sa santé, sauf quand cela altère celle des autres comme dans le tabagisme passif des non-fumeurs, enfants en particulier.
Il y a deux enjeux :
1) la publicité influence les personnes qui y sont exposées;
2) plus on commence à fumer tôt, plus on aura de peine à se débarrasser de cette addiction – on rappelle que c’est la raison pour laquelle une claire majorité du peuple suisse a accepté l’initiative «Enfants sans tabac».
Les publicitaires s’alarment de la perte de mandats lucratifs reçus d’un secteur économique qui ne manque jamais d’argent pour œuvrer contre la santé (pour la maladie, on peut le dire). Il reste qu’une collectivité a le droit et même le devoir de prendre des décisions favorables au bien-être de ses membres. C’est donc un combat d’arrière-garde qui s’est joué au Parlement vaudois. Mais, je le sais par une longue expérience, lutter pour la santé publique, la prévention en particulier, rencontre toujours des difficultés.
Dr Jean Martin, ancien médecin cantonal vaudois, Echandens