Du bon usage de la panique
Cela commence à sentir le roussi. La COP28, qui se tient jusqu’au 12 décembre à Dubaï, va droit dans le mur.
Politiquement d’abord: certains masques tombent. Sultan Al Jaber, le président de ce raout onusien, est aussi le PDG du plus grand groupe pétrolier émirati, la compagnie Adnoc. Cela incitait à la méfiance. Mais le crédit de la bonne foi lui a été accordé. Après tout, pourquoi ne pas imaginer une sortie graduelle des énergies fossiles en utilisant ces revenus pour opérer une transition vers le solaire? Las, l’illusion a vécu. Dans une vidéo dévoilée par The Guardian, le Tartuffe a été pris en plein délire climato-négationniste. Dont acte.
Scientifiquement ensuite. Un rapport du Global Carbon Projet, un regroupement d’une centaine d’instituts de référence, présenté à l’occasion de la COP28, a jeté un froid, si on ose utiliser cette image. Le seuil des 1,5 degré supplémentaire prévu dans l’Accord de Paris de 2015 pourrait être franchi dans sept ans! Et les 2 degrés supplémentaires, considérés comme un maxima absolu, seraient atteints dans vingt-huit ans, à l’horizon 2050 donc. En effet, les émissions de CO2 ne se réduisent pas. Elles se contentent d’augmenter moins vite que lors de la décennie précédente. Maigre consolation.
Enfin, diplomatiquement, chacun semble camper sur ses positions. Les pays du Nord mettent en avant des solutions techniques d’élimination du carbone. La France et les Etats-Unis font de la retape comme des vulgaires commis voyageurs pour refourguer des centrales nucléaires à travers le monde…
La jeune militante écologiste Greta Thunberg avait lancé aux maîtres du monde réunis à Davos: «Je veux que vous paniquiez.» Visiblement, même la perspective que le ciel leur tombe sur la tête ne semble pas amener cette engeance à un peu de lucidité.