Jamais deux sans trois
L’adage n’a jamais été aussi vrai pour la politique genevoise. Hier, au terme d’une élection complémentaire à Onex (GE), les socialistes ont perdu leur siège au Conseil administratif. Un poste occupé depuis quarante-cinq ans par le parti à la rose dans cette commune suburbaine, une des plus précaires du canton. En l’état, il s’agit d’un véritable renversement, puisque ce faisant, la gauche perd sa majorité à l’exécutif, conquise en 2007. Ce seront désormais un PLR, une verte et une centriste, quand bien même cette dernière a été élue sur une liste de gauche, qui gouverneront la sixième commune du canton. Onex devient ainsi une exception parmi les grandes villes genevoises: Meyrin, Lancy, Vernier ou encore Carouge sont tenues par la gauche.
Cette victoire n’est pas le fruit du hasard. Elle tient exclusivement à l’accord entre les partis de droite, du très bourgeois PLR au très xénophobe UDC, en passant par la formation ECHO-Vert’libéraux, propre à la commune. Ces formations, parties chacune de leur côté au premier tour, se sont ralliées au meilleur candidat pour le deuxième tour. Une stratégie née lors des dernières élections cantonales avec la création de l’Alliance genevoise. Avec le succès que l’on sait, puisque elle a permis au Centre de faire passer sa candidate pourtant mal prise au premier tour. Et par là même, de faire basculer la majorité du Conseil d’Etat à droite en éjectant la verte Fabienne Fischer.
Ni une ni deux, forte de ce succès, la droite élargie a réédité l’accord pour les élections fédérales, au profit cette fois-ci du MCG Mauro Poggia qui a brisé l’hégémonie rose-vert au Conseil des Etats en damant le pion à l’écologiste Lisa Mazzone.
A Genève, la droite la plus bête du monde, comme elle s’est elle-même dénommée pendant des années, a vécu. En se mettant d’accord sur un programme a minima et des candidats uniques pour les deuxièmes tours, elle a réussi à déjouer le mauvais œil. Celui qui la voyait se casser les dents à chaque élection majoritaire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça marche. Ce qui est une mauvaise nouvelle pour les forces progressistes genevoises. Ne dit-on pas que l’appétit vient en mangeant? Dans moins de deux ans se tiendront à Genève les élections municipales. La bataille s’annonce rude dans les communes suburbaines tenues par la gauche. C’est dès à présent qu’il faut affûter les stratégies. La gauche a un bilan à défendre au sein de ces collectivités et des projets à mener pour le bien du plus grand nombre. A elle de le faire savoir. Dans le cas contraire, des bastions progressistes pourraient tomber dans l’escarcelle de la droite par le simple jeu de l’union.