Sortir du silence
Depuis le début de l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, le bilan humain est effroyable: plus de 11 000 mort·es, parmi lesquel·les 4400 enfants, 27 500 blessé·es et environ 1,5 million de déplacé·es internes. La moitié de ces déplacé·es a trouvé refuge dans un abri de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Les bombardements incessants ont endommagé près de la moitié des habitations, rendant environ 10% des immeubles inhabitables (Communication du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 11.11.2023.
Accès: https://tinyurl.com/5ctdzbw7). En comparaison, en dix-huit mois de guerre, l’Ukraine déplore la mort de 9614 civils, dont 525 enfants, et environ 17 535 blessés (Bilan du Haut-commissariat des droits de l’homme de l’ONU (HCDH) au 11.09.23, https://tinyurl.com/h6vz737s).
Les hôpitaux, les établissements de santé et les ambulances sont une nouvelle fois ciblés de manière indiscriminée par les forces israéliennes – malgré une protection garantie par le droit international – sous prétexte que s’y abritent des installations militaires ou des «terroristes» (Communication HCDH, 19.10.23, https://tinyurl.com/4z82u88w). Accusations récusées par le Ministère de la santé à Gaza, qui appelle à une enquête indépendante. En date du 12 novembre 2023, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a enregistré au moins 137 attaques sur des structures sanitaires à Gaza (Communication du Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé pour la Méditerranée orientale (EMRO), 12.11.2023, https://tinyurl.com/5533925n) En outre, le personnel médical déplore la mort de 192 collègues. Seize étant tués durant leur service (5 OCHA, 11.11.2023, https://tinyurl.com/5ctdzbw7).
Les conséquences pour le système de santé gazaoui – déjà en situation précaire le 7 octobre [jour de l’attaque du Hamas contre Israël] – sont catastrophiques. La moitié des hôpitaux dans la bande de Gaza ont dû interrompre leurs services, incluant les deux plus grands centres de santé que sont Al Shifa et Al-Guds (6 Agence Reuters, 13.11.23, https://tinyurl.com/5n7bh38e). Les établissements de santé encore en fonction sont au bord du collapsus, en raison du blocus quasi total imposé par l’Etat d’Israël, engendrant un manque de carburant, d’électricité, d’eau potable et de médicaments. L’accès à la nourriture et à l’eau potable est sévèrement restreint, obligeant la population à s’alimenter de source impropre. Dans ce contexte il existe un risque réel d’émergence d’épidémies aux conséquences potentiellement désastreuses (7 OCHA, 11.11.2023, https://tinyurl.com/5ctdzbw7).
On ne peut ignorer la terrible attaque du Hamas du 7 octobre et les otages dont le sort est inconnu, comme on ne peut se désintéresser des multiples raids de l’armée israélienne dans les territoires occupés, faisant 240 morts palestiniens entre le 1er janvier et le 30 septembre 2023. La violence engendre la violence. En tant que professionnel·les de la santé, nous devons saisir chaque opportunité pour nous engager pour la paix et la santé. «Rester à distance, ou se taire, face aux efforts de paix ne sert pas les intérêts de la santé et ne la protège pas des risques liés aux conflits.» (Smith J. et al., «Palestine and Israel: for an end to violence and the pursuit of justice», The Lancet, 27.10.23. DOI:10.1016/S0140-6736(23)02509-6). Il est urgent de sortir du silence. Il faut mettre fin à la violence. Cessez le feu!
Signataires principaux: Nicolas Tebib, Nathalie Tebib et Rainer Tan, médecins, Lausanne.
Cosignataires: Kevin Morisod, médecin; Caroline Heiniger, médecin; Valérie D’Acremont, médecin; Blaise Genton, médecin; Alix Miauton, médecin; Veronique Suttels, médecin; Noémie Boillat Blanco, médecin; Mary-Louise Bagley, infirmière; Marie Verburgh, infirmière; Caitlin Rose, infirmière; Nina Emery, médecin; Souad Dekkiche, médecin; Christopher Richard, médecin; Pauline Gay des Combes Gliven, médecin; Vincent Gliven, infirmier; Nour Trovato-Abdellali, médecin; Vanessa Vaucher, infirmière; Henry Christina, responsable santé; Marie-Elise Delattre, infirmière; Christien Schmitz, infirmière; Gaël Glories, infirmier; Matthieu Barras, médecin; Romaine Delacrétaz, médecin; Manon Peter, médecin; Cyril Knob, médecin; Daryoush Samim, médecin; Monica Camisani, infirmière; Luc Mussard, médecin.