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Une originalité 
sidérante

Selon Christophe Dubied, faire marcher la concurrence entre les caisses n’est pas la solution pour réduire les coûts de la santé.
Santé

L’annonce des nouvelles primes d’assurance maladie, c’est chaque année comme dans l’histoire du barbier et son affiche en vitrine: «Demain on rase gratis.» La population grogne, nos parlementaires redoublent de gesticulations pour renvoyer la responsabilité à d’autres et l’assuré lambda, ne pouvant pas prendre ses jambes à son cou, prend son mal en patience. Tant qu’à se faire tondre, du moins que ça soit par le raseur le moins cher, non? Mais pour ça, mieux vaut s’armer de feuilles de brouillon, d’un téléphone, d’un ordinateur, de quelques heures devant soi et surtout de beaucoup de patience.

Les spécialistes du marketing de nos assureurs maladie sont d’une originalité sidérante, champions des contorsions sémantiques subtiles, mais lourdes de sens. Préférez-vous le modèle BenefitPlusFlexmed ou BenefitPlusTelmed, Smartmed, Qalimed, Pharmed, Optimed, Multimed, Netmed, MedDirect, Casamed, ou encore les Dupont et Dupond de l’assurance MedCall et CallMed? «Bonnet blanc ou blanc bonnet», à peu de choses près…

Certains préfèrent jouer du care, avec sa consonance anglo-saxonne novatrice. Plus branché que san, trop banalement latin. Prendrez bien un peu de Combicare, Telcare, EGKcare, Smartcare, Primacare, Managedcare, ou Vivacare? Raffinement suprême: combiner med et care puis rajouter un soupçon de Call et de Tel, comme sel et poivre sur un repas insipide. Voici donc CareMed, EGKTelcare ou les plus raffinés VivaCareMedCall et Sana24MedCall. C’est la care de tranchées pour l’assuré. «Au secours, à l’med». San va plus!

Le choix avisé du consommateur après des heures de recherches palpitantes va freiner l’augmentation des coûts? Tu parles d’un choix! La concurrence entre ces assurances – par ailleurs assises sur des réserves de 12 milliards de bons francs suisses, largement excédentaires – serait la solution pour réduire l’augmentation des coûts? Tu parles d’une solution!

Alors quoi? On se résigne et on paie? L’alternative? Une caisse unique, de droit public, avec des modèles et des procédures simplifiées, plutôt que cette jungle de 44 assureurs privés? Les Suisses n’en ont pas voulu, par deux fois. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? La SUVA, fondée en 1918, assure contre les accidents 2 illions de travailleurs en Suisse, sans que personne ne s’en plaigne. Pourquoi ça ne fonctionnerait pas pour l’assurance maladie? Au point où on en est… 

Môtiers

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