Édito

Le ski sur une pente glissante

Le ski sur une pente glissante
KEYSTONE
Environnement

On aimait taper sur la Coupe du monde de football du Qatar et ses stades climatisés. Mais les images affolantes du glacier Théodule défoncé par des pelleteuses nous obligent à regarder en face notre sport national. Pour maintenir coûte que coûte les descentes de Coupe du monde de Zermatt/Cervinia qui doivent avoir lieu mi-novembre, l’organisation a lacéré le géant et négligé de demander des autorisations de construire pour créer une piste qui sort de la zone de ski. Des sommes considérables sont en jeu. L’année dernière, ces épreuves avaient engrangé une valeur publicitaire de plus de 90 millions de francs, selon Le Matin Dimanche, malgré leur annulation pour cause de manque d’enneigement. Cette année, les températures estivales de début octobre n’ont pas arrêté l’organisation, qui a maintenu les courses.

Pourtant, les skieurs et skieuses professionnel·les avaient déjà tiré la sonnette d’alarme en 2022. Aux premières loges pour constater l’impact du réchauffement climatique sur les sports d’hiver, 170 athlètes avaient demandé à la Fédération internationale de ski de s’engager pour la neutralité carbone. Mais le cynisme du business sportif n’a pas de limite. A leur proposition – qui reste très modeste – de décaler le début de la saison, il leur a été rétorqué que les compétitions devaient commencer suffisamment tôt pour encourager les ventes de matériel de ski à Noël.

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas d’impunité. A la suite du travail d’enquête de 20 Minutes et du Matin dimanche et grâce à la réactivité des organisations environnementales, la commission cantonale des constructions du Valais a prononcé hier une interdiction immédiate d’utiliser les installations aménagées illicitement. Au-delà de cette décision, qui ne remet pour l’instant pas en cause la course, l’image du ski en prend un coup et c’est tant mieux.

Celui-ci n’est plus intouchable. Personne ne reste insensible à la violente destruction de glaciers, qui sont un symbole national autant que le ski. Si les images des traces dans une neige scintillante font toujours rêver, elles relèvent de plus en plus du mythe. Les flocons crachés par les canons à neige sur les sommets cachent mal la disparition du manteau blanc, à des altitudes toujours plus hautes. Nous avons urgemment besoin de créer d’autres imaginaires et d’avoir un débat sur l’avenir des montagnes, afin de les préserver et pour que ces régions, dont l’économie repose parfois exclusivement sur le tourisme, ne soient pas condamnées.

Opinions Édito Sophie Dupont Environnement

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