Édito

Parfois, cela va mieux en le disant

Parfois, cela va mieux en le disant
Le parlement cantonal a abrogé une disposition garantissant le droit au suicide assisté dans les maisons de retraite. KEYSTONE
Suicide assisté

Le référendum a été annoncé hier. L’association Exit Suisse romande conteste une modification de la loi sur la santé votée le 1er septembre dernier par le Grand Conseil genevois et qui était passée sous le radar.

Lire aussi notre article.

Concrètement, le parlement cantonal a abrogé une disposition garantissant le droit au suicide assisté dans les EMS (Maisons de retraite) genevois. Un vote quasi en catimini – le débat initial portait sur l’utilité ou non d’une commission de surveillance – intervenu selon le clivage gauche-droite et qui élude le problème de fond. Las. Un EMS serait donc, théoriquement, en droit de refuser l’assistance au suicide à l’un ou l’une de ses pensionnaires capables de discernement.

Selon la droite, favorable à cette modification de la loi sur la santé, l’article supprimé était suranné car le problème serait inexistant. Aucun EMS ne bloquerait un tel choix de fin de vie autodéterminé. Voire. Le problème s’était posé dans le canton de Vaud où un recours à Exit s’était fait… dans le parking de l’EMS! C’est d’ailleurs à la suite de ce cas choquant que la disposition garantissant le libre choix de fin de vie avait été introduite dans la loi genevoise en 2018. Ne parlons même pas du Valais où bon nombre d’EMS mettaient les pieds au mur et où un vote garantissant ce droit est intervenu en mars 2022.

Difficile d’affirmer qu’en quatre ans la situation aurait changé du tout au tout. Il est un peu regrettable que la loi – visiblement clivante – n’ait pas opéré un retour en commission. Sur ce genre de question de société, il est toujours utile de laisser le débat aller jusqu’au bout. Il y a beaucoup de non-dits et de questionnements personnels sur ces types d’objets.

On l’a encore vu dans un passé récent, lorsqu’il s’est agit de renommer l’artère devant l’Hôpital cantonal de Genève (HUG) du nom d’une pionnière de l’avortement à Genève, Gabrielle Perret-Gentil. Cela a déplu. Des pressions plus ou moins discrètes ont été exercées sur le Conseil administratif pour que cela ne soit pas le cas. Face à ces réflexes réactionnaires, celui-ci a tenu bon.

Parfois, mieux vaut dire clairement les choses. Et garantir un droit – même implicite – dans la loi est une forme de reconnaissance qu’il convient de ne pas négliger. La campagne de votation – pour autant que le référendum aboutisse – sera-t-elle le meilleur lieu pour mener sereinement un débat aussi délicat? Les optimistes diront que oui. Soyons donc optimistes, la dignité des personnes en fin de vie mérite qu’on y mette toute la bonne volonté démocratique du monde.

Opinions Édito Philippe Bach Suicide assisté Aide au suicide EMS

Autour de l'article

Connexion