Édito

Mauvais signal budgétaire

Mauvais signal budgétaire
Le Conseil d'Etat genevois in corpore présente le projet de budget 2024 lors d'une conférence de presse, jeudi 14 septembre. KEYSTONE
Genève

Le gouvernement genevois fraîchement élu a présenté son premier projet de budget. Une mouture qualifiée de «transitoire» par les membres de l’exécutif, dont certains ne siègent que depuis quelques mois. Soit pas assez pour pouvoir y imprimer leur patte. Au final, il y a à boire et à manger dans ce projet un peu fade. De quoi à la fois satisfaire et mécontenter les partis politiques.

Des sacrifices, il y en a pourtant eu. Et pas des moindres puisque la fonction publique supporte en grande partie les économies voulues. D’abord, parce que les 356 postes accordés pour 2024 sont le fruit de négociations et ne correspondent pas aux demandes initiales. Selon les syndicats, année après année cela conduit à dévaster des secteurs comme l’Office pénitentiaire, la Protection des mineurs ou encore l’enseignement. En 2021-22, le taux d’encadrement des élèves de l’enseignement obligatoire genevois se situait en dessous de la moyenne suisse, dans le peloton de queue. En 2019, une enquête de la RTS faisait état de sous-effectifs criants au sein des forces de l’ordre du bout du lac.

A Genève, la fonction publique est bien souvent la variable d’ajustement des budgets cantonaux. Postes, annuité ou indexation sont accordés en fonction du déficit envisageable. En 2024, si les perspectives ne s’améliorent pas, les collaborateur·ices de l’Etat toucheront une annuité, mais pas d’indexation. La mesure, cumulée à celles des années précédentes, aboutit à une baisse du pouvoir d’achat de plus de 3% de ces dizaines de milliers de consommateur·ices. Mais surtout, à l’heure où les syndicats tentent de négocier des hausses de salaire afin de permettre aux travailleur·euses de faire face au renchérissement, le signal est désastreux alors que l’Etat devrait, au contraire, montrer l’exemple. C’est la porte ouverte à d’âpres négociations dans le secteur privé.

Mais que l’on ne s’y méprenne pas. Ce projet de budget n’est que le tour de chauffe. Dans quelques mois, le gouvernement présentera son programme de législature avec un plan financier quadriennal. A n’en pas douter, il sera plus incisif et plus marqué à droite que le projet de budget 2024. Des mesures structurelles sont d’ores et déjà annoncées. Et ce n’est pas fini, puisque plusieurs projets visent à baisser les impôts. Pour mieux économiser à nouveau sur le dos des fonctionnaires?

Opinions Édito Maria Pineiro Genève Budget 

Autour de l'article

Connexion