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En Suisse, un tiers de travailleur·euses épuisé·es

Les résultats de l’enquête européenne sur les conditions de travail viennent corroborer ceux du «Baromètre» de Travail.Suisse: c’est en Suisse que l’intensité de travail est la plus élevée. La faîtière syndicale demande des mesures pour lutter contre le stress et l’épuisement au travail.
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Nulle part en Europe, les travailleuses et les travailleurs ne travaillent avec une intensité aussi élevée qu’en Suisse. C’est aussi dans notre pays que le personnel travaille le plus pendant son temps libre pour pouvoir répondre aux exigences du travail. Conséquence: plus d’un tiers des travailleuses et travailleurs étaient déjà épuisés avant la reprise économique. C’est ce que montrent les résultats de l’enquête européenne sur les conditions de travail1>EWCTS 2021, dont les résultats partiels ont été repris sur le site du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), partenaire de l’enquête pour la Suisse, https://urlz.fr/nngl; lire aussi «Un marché suisse très exigeant» (ATS), Le Courrier, 23.08.23, ndlr.. Il est urgent d’agir, en particulier dans les professions et les branches qui cumulent différents facteurs de pénibilité au travail.

La comparaison européenne montre que l’intensité du travail et la pression des délais n’étaient déjà nulle part aussi élevées qu’en Suisse au début de la forte relance économique. 59% des travailleuses et travailleurs ont indiqué travailler souvent ou toujours à un rythme élevé. La Suisse se situait ainsi nettement au-dessus de la moyenne européenne de 49%. Il est en outre frappant de constater que 36% indiquent devoir travailler pendant leur temps libre afin de pouvoir répondre aux exigences du travail. La Suisse se situe ainsi bien au-dessus de la moyenne européenne en matière d’heures supplémentaires.

La conséquence de cette situation se manifeste notamment au niveau de l’épuisement. Un tiers des travailleuses et travailleurs indiquent qu’ils sont épuisés physiquement ou émotionnellement. L’enquête européenne confirme ainsi les résultats du «Baromètre Conditions de travail», une enquête représentative menée chaque année par Travail.Suisse en collaboration avec la Haute école spécialisée bernoise.

«Le pourcentage élevé de travailleurs et travailleuses épuisés est un signal d’alarme. L’intensité sans cesse croissante dans le monde du travail exige davantage de temps de repos et de récupération», déclare Thomas Bauer, responsable de la politique économique à Travail.Suisse. Des troubles physiques sont souvent liés à la charge de travail élevée. Ainsi, 54% des travailleuses et travailleurs indiquent souffrir de douleurs au dos, 56% souffrent de douleurs musculaires et 51% de maux de tête. Là encore, ce sont des signes clairs que la charge de travail est clairement trop élevée dans plusieurs professions.

Il est urgent d’agir, en particulier dans les professions et les branches qui cumulent une charge de travail élevée et peu de liberté dans l’aménagement du travail: «Des horaires de travail à peine planifiables, des journées de travail excessives, beaucoup d’heures supplémentaires, peu de vacances et des charges physiques et psychiques élevées au travail sont un poison pour la santé des travailleurs et travailleuses. Il faut ici des améliorations significatives dans les conventions collectives de travail, mais aussi au niveau de la loi, et des compensations correspondantes pour protéger la santé des travailleuses et travailleurs», indique Thomas Bauer.

En mai déjà, Travail.Suisse et ses fédérations ont demandé des mesures dans dix champs d’action2>«Stress et épuisement des travailleurs et travailleuses (2023)», www.travailsuisse.ch/fr/positions-et-consultations-0/positions (doc pdf) pour lutter contre le stress et l’épuisement au travail, en particulier dans les domaines des temps de repos, de la planification et d’une flexibilité atténuée.

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