Édito

Gavage des actionnaires

Gavage des actionnaires
Roche, géant bâlois de la pharma, se retrouve en tête du classement. KEYSTONE
Inégalités

L’adage de Coluche – «Les riches auront de la nourriture, les pauvres de l’appétit» – se vérifie une nouvelle fois. Le syndicat Unia a publié mercredi son étude annuelle sur les écarts salariaux de l’année écoulée des trente-sept groupes suisses les plus valorisés en bourse.

Ce différentiel reste très élevé: le rapport entre le salaire le plus haut et celui du bas de l’échelle est de 1 contre 139. En tête de ce douteux classement, on trouve la pharma Roche, suivi d’UBS et d’ABB. Un employé de Roche devrait travailler 25 ans et demi  pour gagner le salaire mensuel de son patron!

Les salaires de ces top-managers vont jusqu’à 15,1 millions de francs, dans ce cas d’espèce. Et on ne versera pas de larmes sur Magdalena Martullo-Blocher qui ne touche certes «que» 1 million de francs de salaire. Mais en tant qu’actionnaire d’EMS-Chemie, elle engrange avec ses deux sœurs quelque 100 millions de francs de dividendes!

C’est la leçon principale de cette étude: les affaires ont été bonnes l’an passé et les actionnaires se sont gavés. Près de 76 milliards de dividendes des entreprises cotées en bourse ont été distribuées. Il y a de l’argent, mais il ne va pas aux salaires qui ont baissé en termes réels de 1,9%. Le renchérissement n’a pas été compensé, alors que l’argent était là.

Dans cette catégorie, les femmes sont surreprésentées: dans le secteur étudié, un quart d’entre elles touchent moins de 4500 francs par mois. Unia relève assez logiquement que l’initiative dite contre les rémunérations abusives, lancée par l’udéciste Thomas Minder et votée par le peuple il y a dix ans, a été de la poudre aux yeux.

C’est une occasion de défendre le principe des salaires minimaux voté par plusieurs cantons suite à des initiatives syndicales et attaqué par les partis bourgeois à Berne. On constate pourquoi.

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