Édito

Péché par naïveté?

Péché par naïveté?
Keystone
"Affaire Fischer"

L’ex-magistrate verte Fabienne Fischer est dans la tourmente. De la communication de campagne mobilisant des fonctionnaires à l’adjudication de mandats à des associations proches de son compagnon, les reproches fusent – même s’il reste à déterminer si faute grave ou caractère pénal il y a, et en cela les enquêtes en cours sont les bienvenues. Dans une zone grise par essence délicate à naviguer, Fabienne Fischer a foncé droit dans les récifs. Les correspondances étalées au grand jour révèlent un besoin de conseils et d’encadrement visiblement récurrent. L’ancienne conseillère d’Etat est devenue une cible facile alors que des montagnes d’emails retracent des échanges qui, s’ils ont peut-être lieu dans d’autres départements, restent alors sous les radars.

Fabienne Fischer a-t-elle fait preuve d’amateurisme ou d’aveuglement? L’accumulation des documents l’accablant ravive le sentiment qu’arrivée inexpérimentée au Conseil d’Etat, elle n’a pas vu les voyants rouges s’allumer. L’ingérence de son compagnon, Jean Rossiaud, dans les communications du département fait tache. On aurait pu attendre de ses collaborateur·rices personnel·les des conseils plus avisés sur la séparation entre vie privée et vie professionnelle. Pour cela encore aurait-il fallu qu’ils et elles soient plus au fait des us et coutumes du pouvoir.

Peut-on pour autant reprocher à Fabienne Fischer d’avoir mené la politique sur laquelle elle avait fait campagne? L’économie circulaire, à impact social et environnemental, a toujours été son leitmotiv et le moto imprimé depuis son arrivée au Département de l’économie et de l’emploi. Accorder des mandats à des associations reconnues dans ce domaine, qui bénéficiaient déjà de fonds cantonaux avant son élection et sont par ailleurs soutenues par des communes, a toujours fait partie d’un programme politique assumé. A l’heure du bilan de fin de législature en mars 2023, le responsable du Pôle développement et promotion du réseau de l’économie sociale et solidaire APRÈS assumait sans secret dans nos colonnes: «C’est la première fois que nous obtenons de tels budgets, ce qui nous permet d’avancer plus vite en six mois qu’en six ans.» Encore heureux. On n’élit pas une verte à l’économie pour dérouler le tapis rouge aux multinationales.

Reste que la droite, elle, se gargarise de ces accusations de favoritisme, bien aise qu’elles ne touchent pas l’un·e des leurs. Pourtant aucun des francs adjugés par Fabienne Fischer n’a atterri dans les poches de son conjoint, qui n’avait aucun avantage financier à l’affaire. Au contraire d’un monde de demain plus durable et solidaire.

Opinions Édito Maude Jaquet "Affaire Fischer"

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