Édito

Miner des océans en ébullition

Environnement

Les mines – extraction de minerais et charbon – sont connues pour les désastres environnementaux qu’elles entraînent et leur contribution au changement climatique. Mais loin d’imaginer réduire leur ampleur sur les terres émergées, nombre d’Etats et industriels prévoient au contraire d’étendre le désastre à de tout nouveaux territoires: les océans.

Comble de l’hypocrisie, ils tentent aujourd’hui de faire passer ce nouveau «progrès» sous une couverture verte: extraire cobalt, nickel, lithium dans les abysses serait désormais le neck plus ultra de la «transition énergétique», de tels métaux étant recherchés pour les voitures électriques et autres technologies prétendument propres. Heureusement pour l’heure, cette nouvelle aberration – dénoncée par les scientifiques – n’a pas été avalisée.

Les Etats réunis fin juillet sous la houlette de l’Autorité internationale des fonds marins à Kingston en Jamaïque, ont temporisé. Ils n’ont décidé ni d’autoriser l’exploitation de ces mines, ni d’adopter un moratoire, comme le recommandent plusieurs Etats, dont la Suisse. Le bras de fer fait rage dans les coulisses et dans le plus grand secret.

Le risque d’une mise à sac minière des océans – qui s’ajoute à celui de la surpêche ayant décimé les populations de poissons et entraîné un effondrement de las la biodiversité – demeure cependant bien réel, tellement l’enjeu financier est colossal. Les négociations ne font que commencer.

Il va falloir faire barrage, et l’on sait que la société civile peut obtenir certaines concessions. En juin dernier, un traité sur la conservation de la diversité biologique marine a été adopté par les Etats membres de l’ONU et devrait permettre de protéger 30% de la haute mer.

Mais dans le même temps, les océans ont battu un nouveau record mondial de température, ont annoncé vendredi des scientifiques, laissant craindre des conséquences catastrophiques pour la flore et la faune. Les coraux, pour ne prendre qu’un exemple, sont en train de disparaître.
«L’ère du réchauffement global est terminé, l’ère de l’ébullition globale est arrivée», s’était désolé fin juillet Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, réagissant aux trois semaines les plus chaudes de l’histoire. Aucun tournant n’a été pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en dépit de tous les «Sommets» (COP), avait-il aussi rappelé.

Aveugles et sourds, les capitaines d’industrie et les institutions financières continuent à n’être guidées que par le profit à court terme – c’est leur raison d’être dans le capitalisme – sans être bridés par les Etats qui leur semblent presque complètement affidés. La société civile va devoir redoubler de créativité pour sortir l’humanité de cette impasse.

Opinions Édito Christophe Koessler Environnement

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