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1er Août: Kiseki qu’a la plus grosse (croix suisse)?

L'Impoligraphe

– Eh, Tonton, tu y est allé, toi, à la fête du Premier Août de la Ville de Genève ?
– Ben non…
– Et pourquoi que tu y’es pas allé, hein ? T’es conseiller municipal, tu devais y aller…
– Ah ouais? Et pourquoi ça? C’est une obligation, un devoir, un rite?
– C’est ce que tu veux que ça soit, mais tu devais y être…
– Ben j’y étais pas.
– T’avais autre chose de mieux à faire, sûrement…
– Ben non, pas vraiment…
– Ah, je sais… tu y es pas allé parce qu’y avait pas de bidoche…
– Ben si, y’avait de la bidoche, c’est pas parce que des blaireaux se sont répandus sur tous les réseaux pour dire qu’il n’y en avait pas qu’il n’y avait pas pas: y’en avait…
– Bon, si c’est pas ça, c’est autre chose… t’as pas aimé l’affiche annonçant le raout d’août…
– Ben si, je l’ai bien aimée, cette affiche… avec son petit personnage qui tient un tout petit drapeau suisse debout sur une tortue, à côté d’une déesse de la forêt, qui porte des Birkenstock et tient un lampion aux couleurs arc-en-ciel…
– Un scandale. Un complot. La fin des haricots…
– Tu l’as dit. Et donc, pour meubler un peu la pause estivale, à droite on a quasiment hurlé à la trahison de la patrie.
– Parce que le patriotisme, c’est une question de grandeur de drapeau?
– Faut croire… Chuis plus patriote que toi, j’ai un plus gros drapeau, et ma commune, elle est plus patriote que la tienne, parce que dans son affiche du 1er août, la croix suisse elle est plus grosse que sur l’affiche de ta commune..
– Mais c’est nul…
– Ben ouais, c’est nul, c’est rien qu’un concours de çui qui a la plus grosse dans la cour de récré d’une école primaire, mais ça fait le buzz. Et ça embraie: un député PLR et lieutenant colonel de notre glorieuse armée appelle à «dépolitiser» la fête nationale…
– Et on fait comment, quand rien n’est plus politique qu’une fête nationale?
– On fait précisément ce qu’on fait depuis 1891, quand la fête nationale a été instituée: on fait semblant.
– Semblant de quoi ?
– Semblant de ne pas avoir pris une décision politique en instituant une fête nationale, semblant de ne pas avoir fait comme tous les autres au même moment ou à peu près), semblant de célébrer un événement historique réel… Le texte supposé nous tomber du 1er août 1291, on en a fait un Pacte fédéral. Un pacte fédéral? Tu parles: une convention de bon voisinage, tout au plus. Et qui d’ailleurs ne concerne que ceux qui la passent. A G’nêêêve, on n’en avait rien à secouer. Ni ailleurs en Romandie, d’ailleurs…
– Avec tout ça, tu m’as pas dit pourquoi t’étais pas allé à la fête du 1er août…
– Parce que j’aime pas les fêtes nationales…
– On croirait entendre Jean Yanne dans le fameux sketch du passage du permis de conduire…
– C’est ça: «J’aime pas les fêtes nationales, je déteste les fêtes nationales, rien que d’entendre parler de fête nationale, ça me donne des boutons»…
– Ouais, ben là faut consulter…
– Mais je consulte, je consulte…
– Un psy à Genève ?
– Non, des réfractaires à Saint-Imier…
– Du genre de ceux qui n’en ont rien à secouer de la grandeur du drapeau sur une affiche?
– Même d’un drapeau noir, c’est bien ça, c’est bien eux… Et toi, tu y est allé, à la fête du Premier Août ?
– Ben ouais, le 1er août, après tout, c’est surtout la Journée internationale de la frite belge, non?

*Conseiller municipal carrément socialiste en Ville de Genève.

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lundi 8 janvier 2018

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