Édito

Alain Berset, côté pile et côté face

Alain Berset, côté pile et côté fac
Alain Berset lors d'une conférence de presse organisée pendant la la pandémie de Covid-19. KEYSTONE
Conseil fédéral

En douze ans au Conseil fédéral, dont deux ans de présidence, Alain Berset aura divisé. Côté pile, notons sa gestion de la crise Covid. Côté face, sa réforme de l’AVS. Ce mercredi, il annonçait de manière anticipée son départ à la fin de la législature.

Pour beaucoup de femmes, Alain Berset restera celui qui les fera travailler jusqu’à 65 ans. En dépit du fait que l’égalité salariale n’est toujours pas atteinte plus de 25 ans après l’entrée en vigueur de la loi sur l’égalité. Et en dépit du fait que les femmes assurent déjà l’immense majorité du travail non rémunéré.

Lors de son annonce de départ, l’actuel président s’est félicité d’avoir été à l’origine de la première réforme de l’AVS acceptée par le peuple depuis 30 ans. Et même son parti semble avoir avalé la couleuvre qu’il avait pourtant âprement combattue. «Alain Berset s’est engagé de toutes ses forces pour une AVS forte et contre l’explosion des primes d’assurance-maladie», affirmait ce mercredi le PS Suisse dans son communiqué intitulé «Merci Alain!».

Côté face encore, l’explosion des primes d’assurance maladie. Les quelques mesures prises par le ministre de la santé n’ont pu endiguer le phénomène. Et Alain Berset a échoué à faire passer de nombreuses propositions de «maîtrise des coûts».

Face au poids des lobbies représentés au parlement, relevons que sa marge de manœuvre était limitée. Dans un contexte tendu, il aura quand même réussi à concocter un contre-projet indirect à l’initiative sur l’allègement des primes voulue par son parti (maximum 10% du revenu pour les primes).

Fortement édulcoré par le Conseil des Etats, le contre-projet a au moins le mérite d’exister. Reste que sur le dossier épineux du coût de l’assurance maladie, on aurait pu attendre davantage de courage politique. La hausse prévue pour l’année prochaine – évaluée de 4% à 6% – a de quoi donner des sueurs froides à une grande partie de la population suisse.

C’est dans la gestion de la crise Covid qu’Alain Berset aura montré son savoir-faire. Dans une période exceptionnelle, le ministre de la santé a su rassembler derrière lui une majorité des citoyen·nes, en ayant des mots justes, en faisant preuve d’écoute et d’empathie.

Sa fine gestion des mesures sanitaires qui ont bouleversé le quotidien de la population aura renforcé son capital sympathie et contribué à la conservation de la cohésion sociale dans le pays, malgré des critiques acerbes de l’extrême droite. Les trois votations sur la loi Covid ont en effet montré un soutien continu à la politique du Conseil fédéral. Ce qui n’était pas une mince affaire en temps de crise.

Opinions Édito Sophie Dupont Conseil fédéral

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