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Le roi dans le palais des courants d’air

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Elisabeth Borne, la cheffe du gouvernement français, a fait passer au forceps lundi le contesté projet de relèvement de l’âge de la retraite. KEYSTONE
France

Tout cela sent un peu la fin de règne. Elisabeth Borne, la cheffe du gouvernement français, a échappé lundi à neuf voix près à une motion de censure! Elle a certes sauvé sa tête et fait passer au forceps le contesté projet de relèvement de l’âge de la retraite. Mais à quel prix?

Du point de vue légal, rien à dire. Le mécanisme de la clause de confiance est prévu par la Constitution française. Démocratiquement, c’est une autre histoire. La charte fondamentale de nos voisins a été écrite pour donner les pleins pouvoirs à un homme jugé providentiel et à même de construire un avenir à la France embourbée dans la sale guerre algérienne: le général de Gaulle. Les mécanismes visent à assurer une majorité au camp sortant en tête.

En l’occurrence, les temps ont changé. Emmanuel Macron a été élu par défaut. Pour contrer l’extrême droite. Au second tour, il ne pesait que 38% des inscrit·es. Cela devrait l’inciter à une certaine humilité. Mais, visiblement, ce n’est pas dans les mœurs du personnage quelque peu hors-sol.

On a désormais affaire à un monarque isolé, décrédibilisé, avec une base parlementaire en doute, voire en déroute. Un changement de gouvernement aurait pu constituer une sortie par le haut, à même de faire baisser la tension. La volonté de passer en force montre que les enjeux sont ailleurs. Il s’agit de plaire à un patronat de plus en plus vorace, menaçant, qui n’hésite pas à mener des opérations de prédation sur les médias et à défendre des programmes fascisants comme on a pu le voir avec le tandem Bolloré-Zemmour.

Cette stratégie de la tension n’augure rien de bon. La France est dans une zone à haut risque démocratique. La police est sommée de jouer de la matraque, 425 personnes ont été arrêtées depuis lundi. Amnesty International tire la sonnette d’alarme comme elle le ferait pour un dictateur!

Emmanuel Macron va s’exprimer ce mercredi. Au vu de son isolement mental, il n’y a sans doute rien à attendre de l’exercice télévisuel annoncé. La fuite en avant va se poursuivre; et tant pis si cet autoritarisme et cet exercice solitaire du pouvoir sont à rebours de l’histoire et des évolutions sociales et politiques. La tendance et la volonté populaire vont dans le sens de davantage de démocratie. La seule sortie pour des institutions clairement à bout de souffle.

International Philippe Bach France

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