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«Un mépris de classe aux antipodes des valeurs de gauche»

Elodie Lopez déplore l’obstination du Conseil d’Etat à rejeter les 3% d’indexation salariale réclamés par les salarié·es des secteurs public et parapublic. «Refuser la ‘pleine indexation’, c’est faire baisser les salaires de celles et ceux qui nous sont essentiel·les», argumente la députée Ensemble à gauche.
Mobilisation

La semaine dernière, le Conseil d’Etat vaudois a enfin ouvert le dialogue avec les syndicats. Malgré les mobilisations massives, il n’est pas revenu sur sa décision d’une indexation à 1,4%. Sa proposition encore floue d’enveloppe financière ne répond pas aux enjeux de fonds soulevés par le refus catégorique d’une indexation pleine et entière des salaires.

Selon l’indice des prix à la consommation, la hausse des coûts de la vie se chiffre à 3%. Pour l’Union syndicale suisse, qui intègre davantage d’éléments (tels que l’assurance-maladie) dans son calcul, on peut compter une hausse de 5%. Refuser la pleine indexation dans ce contexte revient à faire baisser les salaires et le pouvoir d’achat des travailleurs et des travailleuses des secteurs public et parapublic.

Le refus d’indexer les salaires à la hauteur de l’inflation sonne comme un mépris envers des corps de métier en grande majorité féminins et appartenant aux basses classes salariales. Sont concernés les secteurs de l’éducation, de la sécurité, mais aussi des soins – incluant les infirmières et infirmiers que nous avons applaudis, ou encore les personnes qui s’occupent des personnes âgées en EMS – et du social, comprenant le soins aux personnes en situation de handicap ou aux mineurs placés par l’Etat. Il s’agit de secteurs qui devraient au contraire faire l’objet d’un soin tout particulier. D’autant plus quand le Covid-19 a montré qu’ils étaient essentiels au bon fonctionnement de notre société. Et quand plusieurs d’entre eux alertent sur des conditions de travail si suffocantes qu’elles conduisent à des pénuries de personnel, et donc à une baisse de la qualité des prestations très dommageable dans de tels secteurs. Mais aussi à des situations de souffrance professionnelle qu’on ne peut ignorer.

Faire payer aux plus essentiel·les les cadeaux fiscaux des plus aisé·es? Il y a de quoi s’indigner dans cette situation, lorsqu’on sait que le programme de législature du Conseil d’Etat prévoit des réformes fiscales qui se chiffrent à 250 millions de francs par an et qui profiteront aux plus aisé·es. Ces mesures impliquent de limiter les dépenses ailleurs, car une baisse de rentrées fiscales provoque des trous dans les caisses. L’indexation à 1,4% [proposée par le Conseil d’Etat] en est un exemple. On se retrouve dans un contexte où on a l’impression que l’on fait payer aux plus essentiel·les des politiques qui servent les plus aisé·es. On constate alors bien de qui le gouvernement Luisier compte prendre soin en priorité, ce qui constitue un véritable mépris de classe.

Où est la gauche? Lors des débats sur le budget en décembre dernier, le parlement et le Conseil d’Etat ont discuté de l’indexation à 1,4%. Si tout le monde savait qu’on se trouvait désormais face à un Conseil d’Etat à majorité de droite, les allocutions du gouvernement ont provoqué le malaise quand les élues de gauche ont vigoureusement défendu cette décision. Dans les faits, on était en train de défendre l’antipode des valeurs de la gauche.

Dans une situation de crise qui se cristallise par des mouvements de grèves et des mobilisations de la rue, rappelons qu’un outil politique fort existe: celui de la rupture de collégialité. Un geste délicat mais courageux, qui permettrait de marquer une alliance avec les syndicats de la fonction publique et avec certaines valeurs.
De notre côté, nous continuerons d’être solidaires avec les revendications des travailleurs et des travailleuses des secteurs public et parapublic. Ensemble à gauche ne cautionne pas cette décision, ni ce qu’il s’est passé lors des débats sur le budget, raison pour laquelle ses élu·es ont refusé, dans une grande solitude, le projet de budget du Conseil d’Etat.

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