Édito

Le boycott contre la haine

Le boycott contre la haine
L’expédition punitive menée par des colons israéliens dans la ville palestinienne de Huwara a traumatisé la population. KEYSTONE
Israël-Palestine 

Les images font froid dans le dos. Dizaines de voitures calcinées, façades noircies, commerces fermés… Un Palestinien tué et des centaines d’autres blessés, une population confinée chez elle pour éviter le massacre… L’expédition punitive menée dans la nuit de dimanche à lundi par des colons israéliens dans la ville palestinienne de Huwara marque une escalade supplémentaire dans la punition collective infligée, mois après mois, année après année, à tout un peuple par l’occupant.

Le meurtre de deux colons juifs dans les heures qui ont précédé constitue un crime injustifiable. Mais comment s’étonner des terribles actes de désespoir d’une jeunesse palestinienne soumise, à Gaza, à quinze ans de blocus meurtrier et, en Cisjordanie, à une expansion coloniale ultra-violente menée dans l’impunité totale, en violation du droit international?

Les appels au calme de Benyamin Netanyahou ne trompent personne, la coalition qu’il dirige depuis le mois de décembre affichant un programme d’extrême droite expansionniste décomplexée. Le député Zvika Fogel, membre du parti suprémaciste Otzma Yehudit, est désormais sous enquête pour avoir appelé à ‘une Huwara encerclée et brûlée’, au lendemain de ce que des ONG israéliennes comme B’Tselem et Breaking The Silence n’ont pas hésité à qualifier de «pogrom».

En Suisse, où l’on commerce dans la plus grande bienveillance avec Israël* et où la collaboration est y compris militaire, la résistance solidaire s’organise au sein de la société civile. Via BDS, campagne internationale de boycott économique, académique et culturel qui ne vise pas, rappelons-le, le peuple israélien en tant que tel, mais bien la politique coloniale de ses dirigeants. Politique dont le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a rappelé il y a quelques jours le caractère «illégal» et qu’Amnesty International a qualifié d’«apartheid».

Ce week-end, à Genève, c’est l’Usine qui se déclare «zone sans apartheid israélien» dans le sillage de dizaines d’autres organismes – espaces d’art, cinémas, librairies, syndicats, associations, coopératives d’habitation, organisations humanitaires. Pour affirmer la solidarité avec le peuple palestinien, refuser le silence et l’impunité. Si ce type d’action peut secouer nos responsables politiques et les forcer à donner de la voix, pour qu’un jour la jeunesse palestinienne se projette autrement qu’en martyr, l’arme du boycott n’aura pas été vaine.

* Israël est le troisième partenaire commercial de la Suisse au Moyen-Orient et Afrique du Nord.

Opinions Édito Roderic Mounir Israël-Palestine 

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