Réforme LPP, piège assuré
La réforme du deuxième pilier du système de prévoyance est de nouveau sur le métier. Le Conseil national a procédé hier à certains arbitrages avant que le paquet ne reparte à la Chambre des cantons. Le Parti libéral radical (PLR) parle de «moderniser» le système de prévoyance. Cet usage de la novlangue managériale devrait déjà nous mettre la puce à l’oreille. C’est bien de régression qu’il est question.
De fait, selon la mouture actuelle en discussion – et les débats à la Chambre haute ne devraient plus rebattre les cartes –, il sera demandé aux travailleuses et aux travailleurs de payer quelque 3 milliards de plus en termes de cotisations pour, à l’arrivée, toucher une rente moindre… Selon les calculs de l’Union syndicale suisse, ce recul devrait atteindre en moyenne 200 francs par mois, ceci alors que les rentes moyennes actuelles sont déjà de 230 francs inférieures à celles de 2015!
Mardi, les mesures de compensations proposées par la gauche ont été refusées. Tout comme le compromis qui avait été conclu entre les syndicats et les associations patronales. Cela montre tout d’abord que les promesses faites pendant la campagne sur le relèvement de l’âge de départ à l’AVS étaient de l’or pour les fous. Mais en doutions-nous vraiment?
C’est à un rééquilibrage du système de prévoyance qu’il faut s’atteler. Au profit des mécanismes de répartition plutôt que celui de la capitalisation qui montre, année après année, ses limites. La gauche et les syndicats ont annoncé un référendum contre le projet imposé hier par la droite. Cela sera aussi l’occasion de poser cette question, notamment, quitte à augmenter les prélèvements, pour financer la treizième rente AVS proposée par les syndicats. De quoi mettre un peu de beurre dans les épinards des petits revenus.