Édito

Tout schuss dans le mur?

Tout schuss dans le mur?
KEYSTONE/ Peter Schneider
Ski

Oh la joie des vacances de ski. Ses sapins, son grand air et son armada de canons à neige.

Avec le réchauffement climatique, désormais, seules les plus hautes cimes restent blanches, l’hiver. La parade: la fabrication industrielle de flocons pour «sauver la saison». Si au début des années 1990, la neige artificielle n’était qu’une solution d’appoint, la plupart des stations sont désormais dépendantes de cette poudre blanche pour survivre. Actuellement plus de la moitié des pistes suisses peuvent être enneigées artificiellement, contre dix pourcents en 2000. Les domaines skiables garantissent désormais que l’on puisse chausser nos skis chaque hiver mais à quel prix?

Ce loisir, dont le coût tutoie aujourd’hui les sommets, exerce une pression sur nos ressources en eau et en énergie et sur l’argent public. Alors que seul un peu plus d’un tiers des Suisse·esses skient, les collectivités publiques mettent la main au porte-monnaie pour maintenir sous perfusion les domaines skiables.

C’est que l’économie se retrouve pieds et poings liés à cette activité d’un autre temps. La branche des remontées mécaniques a généré plus de 17 000 emplois l’an dernier. Les promoteurs n’hésitent pas à lorgner sur des réserves naturelles pour creuser des bassins ou à raser des hectares de forêt pour continuer à faire sonner le tiroir-caisse. A la Clusaz, en Haute-Savoie des écologistes ont investi les arbres pour protéger un bois de la construction d’une retenue collinaire. Ils et elles ont arraché quelques victoires et suspendu les travaux mais pour combien de temps?

En recourant aux flocons artificiels à tout prix, n’allons-nous pas droit dans le mur? Certes, on ne peut mettre à l’arrêt du jour au lendemain, un secteur qui fait vivre des milliers de personnes. Mais ces domaines doivent se réinventer au plus vite.

Nous avons besoin d’un véritable courage politique pour empoigner cette transition. La montagne a tant d’autres trésors à proposer qu’une glissade sur des lattes.

Opinions Édito Julie Jeannet Ski

Connexion