Édito

La gauche humaniste au Conseil fédéral

La gauche humaniste au Conseil fédéral
La sénatrice jurassienne a été élue conseillère fédérale ce mercredi 7 décembre 2022. KEYSTONE
Conseil fédéral

On ne l’attendait pas. En défendant des valeurs fortes de justice sociale, la jurassienne Elisabeth Baume-Schneider a su convaincre l’Assemblée fédérale de devenir la dixième femme à entrer au gouvernement. Elle a engrangé des voix non seulement dans ses rangs, mais aussi au Centre et du côté de l’UDC également, en partie grâce à sa proximité avec le monde paysan. Et en partie parce que son élection barre la route aux cadors socialistes romands rongeant leur frein, Pierre-Yves Maillard en tête, qui font trembler l’extrême droite.

Pour le parti socialiste, l’élection d’Elisabeth Baume Schneider est une bonne nouvelle. Avec Alain Berset et sa défense à tous crins du dossier AVS 21 contre les intérêts des femmes, l’image de la gauche gouvernementale était quelque peu écornée. Une élection de la bâloise Eva Herzog, technocrate et profilée à droite sur les questions financières, aurait été un très mauvais signal pour la gauche. Elisabeth Baume Schneider fera face à de nombreux obstacles et ne révolutionnera évidemment pas la politique gouvernementale. Mais elle pourra porter la voix des plus précaires au sein du collège.

Avant d’être élue au Conseil des Etats en 2019, la Jurassienne a été ministre pendant douze ans dans un gouvernement où elle était minoritaire, puis directrice de la Haute école de travail social et de la santé de Lausanne, où la précarité et les inégalités sociales occupent une place centrale dans la recherche. Ses premiers pas en politique, elle les a faits à la Ligue marxiste révolutionnaire. Ses valeurs ancrées, son caractère spontané et sa franchise en font une figure à même de mobiliser la gauche pour les élections fédérales de 2023. Son profil rural est également une carte intéressante à jouer pour le PS, à qui colle une étiquette urbaine.

La liesse autour de l’élection surprise de la Jurassienne ne doit toutefois pas faire de l’ombre à l’accession au gouvernement d’un UDC grand défenseur des énergies fossiles, à l’heure de l’urgence climatique. Dans le cas où il reprend le puissant Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, Albert Rösti risque de prendre en otage la transition climatique. Sous un vernis affable, le Bernois défend des valeurs de l’aile dure de l’UDC, que ce soit sur des questions sécuritaires, d’asile ou sociétales.

De la même manière que sa collègue du PS, il a la capacité de rassembler au sein de son parti et de devenir une figure mobilisatrice, comme lors de sa présidence de l’UDC. Il est donc essentiel que la gauche se montre unie, à l’écoute et forte de ses convictions, sociales et écologiques, pour faire barrage à une montée de l’extrême droite en octobre prochain.

Opinions Édito Sophie Dupont Conseil fédéral

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