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Biodiversité, l’enjeu occulté

Biodiversité, l’enjeu occulté
Selon le rapport Planète vivante du WWF, quelque 25% de la faune et de la flore est menacée et un million d’espèces sont en voie de disparition. KEYSTONE
Biodiversité

Après la COP 27, la COP 15 sur la biodiversité s’ouvre ce mercredi à Montréal. Un sommet onusien qui va tenter d’empoigner ce crucial enjeu, concomitant à celui du climat. Car il y a urgence. Le rapport Planète vivante du WWF montre qu’entre 1970 et 2018, la taille de la population des animaux vertébrés a diminué de 69%! Quelque 25% de la faune et de la flore est menacée et un million d’espèces sont en voie de disparition! Les milieux scientifiques évoquent une sixième extinction de masse.

Bref, il est urgent d’agir. On n’en prend pas le chemin. Si 110 dirigeant·es de pays se sont rendu·es en Egypte pour le sommet sur le climat, ils et elles seront cruellement absent·es à Montréal.

Les objectifs sont pourtant là: le cadre mondial qui doit être discuté ces prochains jours fonctionne sur le modèle de celui visant à répondre à la crise climatique: arrêter et inverser la perte de la biodiversité à l’horizon 2030 et trouver un point d’équilibre en 2050.

La Suisse, qui se voit volontiers en modèle lorsqu’il est question d’environnement, n’a pas de leçons à donner en la matière. Elle vient de se faire taper sur les doigts et qualifier de «lanterne rouge de l’Europe» en matière de protection de la biodiversité par la Convention de Berne. Cet organisme, qui vise à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, a dénoncé mercredi dernier le fait que la Suisse n’assume pas ses obligations de mieux protéger la nature. «Seul 1,4% de ce qui serait nécessaire a été fait.»

Un élément à garder à l’esprit. La crise énergétique causée par la guerre en Ukraine a donné des ailes aux milieux économiques désireux de produire du courant indigène. Il sera nécessaire d’être vigilant à cet égard. La légitime volonté d’autonomie nationale en la matière ne doit pas se faire sur le dos de la nature. Si on écoutait les exploitants des barrages, chaque goutte d’eau devrait être turbinée. Et tans pis pour nos rivières et la biodiversité qu’elles abritent.

C’est bien la folie marchande qui nous a conduit dans cette impasse. Il est illusoire de se tourner vers elle pour trouver une réponse. Il est nécessaire d’agir dans une approche globale, qui intègre toutes les dimensions – patrimoniale, sociale ou de biodiversité. A défaut, la réponse risque de créer autant de problèmes que ceux auxquelles elle prétend répondre.

International Opinions Philippe Bach Biodiversité

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