On nous écrit

Problèmes de transmission

François Bonzon envoie deux réflexions au sujet d’un article publié le 11 août et intitulé «Donner, jusqu’à la fin de sa vie».
Aînés

On dit s’intéresser aux ressources des personnes en fin de vie pour les valoriser. On suggère, par exemple, d’amener certains patients de soins palliatifs auprès d’étudiants en médecine. Très bien. Il y a aussi un service essentiel que ces aînés peuvent nous rendre et dont votre article ne parle pas. C’est le témoignage d’une sérénité reconnaissante et éclairée au soir de l’existence. Je pense par exemple que ma chère maman m’a autant servi par son attitude au soir de l’existence que par le travail accompli pour sa progéniture, dans les étapes précédentes de sa longue vie. Dans votre article, on évoque des idées pour que nos aînés puissent «faire» encore quelque chose: partager leur expérience avec des étudiants, rédiger des lettres et les distribuer. Pourquoi pas. Mais je ne veux pas penser que la vie ne peut plus rien apporter et n’a plus de sens lorsqu’on ne peut plus ni parler ni écrire. Il y a une façon d’être qui est une leçon essentielle et un immense service offert à son entourage.

Vous évoquez le bonheur de celui auquel on demande de transmettre quelque chose. Vous avez raison. Mais «transmettre», est-ce un bonheur que tous les aînés éprouvent lorsqu’ils sont encore «en pleine forme »? J’en doute. Je connais un ami, dans la septantaine, qui dit son bonheur de voir des jeunes s’intéresser à la formation qu’il a reçue et aux expériences acquises. J’en connais d’autres, plus nombreux, pourtant éminents dans leur domaine, qui ont bien rarement vu se manifester un quelconque intérêt des plus jeunes à l’égard de leurs acquis. Vous avez cité le pape François dans un autre article paru, sauf erreur, ce printemps. Il disait son inquiétude de voir une société se priver des expériences et des souvenirs de ses aînés, son inquiétude de voir se constituer une société privée de ses racines. Il y a du vrai. Notre société a un problème de transmission. J’espère donc qu’on n’attende pas que les gens soient aux soins palliatifs pour les ­questionner sur les expériences ­accumulées.

François Bonzon.
Lonay (VD)

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