Le refus du Conseil fédéral de soumettre au vote populaire l’initiative du GSSA avant la signature du contrat d’achat des F-35 est autant une insulte à la démocratie qu’un affront fait aux signataires de l’initiative. Qu’est-ce que ce devoir de diligence qui ne serait pas respecté (Le Courrier du 25 août 2022)? Faire diligence, n’est-ce pas aller rapidement? «Même en resserrant les procédures habituelles de l’administration, il est impossible de tenir le calendrier exigé par les initiants, selon Berne» (ibidem).

Pourquoi pas? On a bien réussi à faire voler nos avions de chasse en-dehors des heures de bureau (pendant le repas de midi, par exemple)! Pourquoi les fonctionnaires fédéraux ne pourraient-ils pas faire quelques heures supplémentaires? La facture en serait toujours moins élevée que celle de l’achat d’avions dont Daniel Brélaz avait alors démontré avec humour l’inefficacité, donc l’inutilité? Dire de surcroît que «le Conseil fédéral et le Parlement ne pourraient pas traiter le sujet avec le soin nécessaire» laisse penser que les débats précédant la votation de 2020 n’avaient pas tout le sérieux requis… Les parlementaires apprécieront.

Cette manœuvre dilatoire trahit la crainte du Conseil fédéral d’être désavoué et de devoir renoncer à l’achat de cet appareil peu fiable. La peur est mauvaise conseillère, dit-on. Elle est pourtant devenue, au fil du temps, un outil de gouvernement toujours plus utilisé. Peur de la guerre, des pandémies, et des pénuries de toute nature qui en découlent: pénurie de vaccins, de nourriture, d’énergie… Et l’on passe à côté de la menace la plus sérieuse, le fléau qu’il faut combattre sans plus tarder, la détérioration du climat que l’on constate quotidiennement.

Elle est là, l’urgence première. Et même s’ils n’y suffiront pas, les milliards prévus pour acheter des avions qu’un clic de souris pourrait clouer au sol seront bien plus utiles dans cette lutte-là.

Rolf Hausammann,
Carrouge (VD)