Une question sanitaire et de solidarité
Après Genève et Vaud, où des textes similaires ont malheureusement été refusés, les Neuchâtelois·es voteront le 25 septembre prochain sur une initiative lancée par les partis de gauche et se proposant d’instaurer une assurance dentaire cantonale.
Les partis de droite et le lobby des dentistes n’en veulent pas. Les premiers par leur refus d’une nouvelle charge sociale – le dispositif est financé par un modeste prélèvement paritaire de 1% sur les salaires –, les seconds car ils craignent qu’un peu d’ordre soit mis dans un marché où les excès ne sont pas rares.
Cela pèse peu face à l’urgence. La carte de la santé bucco-dentaire a furieusement tendance à recouper celle des inégalités sociales. Une étude genevoise de 2008 mettait en exergue que 30% de la population se privait de soins pour cause de revenus insuffisants et que dans le trois-quarts des cas cela concerne les soins dentaires. Ce qui n’est pas anodin: ce type d’affection a des répercussions sur la santé globale, notamment cardio-vasculaire!
Le lobby des dentistes nous avait déjà joué cette discordante partition en 1994, lors de rédaction de la Loi sur l’assurance-maladie. Initialement intégrés dans le dispositif, ces soins ont été retirés de l’assurance de base. Un scandale – depuis quand la santé s’arrête à la bouche? – et une injustice qui étonne toujours nos voisins.
Culpabiliser les personnes dont les dents sont malades est une résurgence de certaines théories malthusiennes héritées du XIXe siècle selon lesquelles les pauvres seraient responsables de leur malheur. L’invocation de la responsabilité individuelle pour préserver ses privilèges. Contre ce type de raisonnements néolibéraux, il existe une parade: le principe de solidarité. Une des bases de la vie en société. Les Neuchâtelois·es auront la chance de pouvoir le mettre en application le 25 septembre prochain.