Édito

AVS: pour une solidarité des genres

AVS: pour une solidarité des genres
Une feuille pour récolter des signatures concernant le référendum sur la modification de la loi sur l'assurance vieillesse et survivants (AVS 21) lors de la journée internationale des droits des femmes le mardi 8 mars 2022 à Genève. KEYSTONE
Réforme des retraites

Les deux projets de réforme de l’AVS qui prévoient notamment un relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans trouvent actuellement une majorité. Du moins selon le premier sondage Tamedia qui a été publié mercredi. Quelque 58% des personnes interrogées approuveraient le relèvement de la TVA de 7,7% à 8,1%; et 53% des sondé·es soutiennent pour l’heure le second volet qui contient la controversée disposition alignant le départ à la retraite des femmes sur celui des hommes.

La campagne ne fait que commencer, ces chiffres sont donc à prendre avec des pincettes. Mais on relève d’ores et déjà une série de clivages révélateurs. Le plus important parmi ceux-ci: le oui ne l’emporte que grâce aux votes des hommes; les femmes sont, elles, très opposées à la mesure consistant à garantir le financement de l’AVS sur leur dos. Les hommes disent oui à 65% à la TVA alourdie; les femmes ne l’approuvent qu’à 50%. Et l’écart est encore plus net pour le relèvement de l’âge de départ à la retraite: 71% des hommes l’approuvent, contre 36% des femmes (où le non atteint 60%!).

Sur les sujets sociaux une telle divergence n’est pas rare. Les femmes ont souvent un vote plus progressiste que les hommes. Mais c’est l’ampleur de l’écart qui interpelle. Comment l’expliquer, au-delà du fait que l’on fait peser une bonne partie du poids de l’assainissement de l’AVS sur le dos du deuxième sexe? Peut-être par un certain ras-le-bol devant l’obstination de la classe politique à user et abuser de cette carte. Le rejet d’une telle proposition ne date que d’il y a cinq ans, revenir de la sorte à la charge a quelque chose d’indécent.

Ces chiffres vont polariser durant les semaines qui nous séparent du scrutin du 25 septembre. Va-t-on faire peser un nouvelle charge mentale sur les femmes? A gauche, en les invitant à convaincre leurs conjoints, leurs frères ou leurs fils; à droite, en jouant la carte du chantage et de la culpabilisation devant leur espérance de vie plus longue?

Le vrai enjeu est ailleurs. Si cette régression passe, l’alignement de l’âge de la retraite sera suivi par d’autres attaques. Le relèvement du départ à la retraite à 66 ou 67 ans ne sera plus tabou. C’est donc bel et bien une solidarité des genres et la prise de conscience d’intérêts communs qui doivent être rappelées avec force dans cette campagne qui sera courte et ne laissera guère de place à la nuance.

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