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Gaza: un jour sans fin

Gaza: un jour sans fin
Des Palestiniens inspectent leur maison détruite par les tirs israéliens, dimanche 7 août 2022. KEYSTONE
Proche-Orient

Les raids de l’armée israélienne contre Gaza se suivent et se ressemblent dramatiquement depuis de nombreuses années. Ces derniers jours, les militaires de l’Etat hébreu ont pilonné préventivement la fameuse prison à ciel ouvert hébergeant plus de 2,3 millions d’habitants. Bilan provisoire avant une trêve annoncée dimanche après midi: 43 morts, dont quinze enfants, selon un ministère palestinien. Ce premier décompte macabre est contesté par l’armée israélienne qui attribue le décès de certain·es de ces mineur·es à un tir de roquette raté du Jihad islamique vers Israël samedi.

Si les faits devront être établis par des enquêtes indépendantes, observons que Etat hébreu ne s’est guère ému par le passé à Gaza de ses «victimes collatérales». L’an dernier, en mai 2021, son armée a tué 67 enfants gazaouis dans des circonstances similaires. Leurs photos ont été, pour la première fois, publiées dans le quotidien israélien progressiste Haaretz et dans le New York Times. Ces journaux ont probablement réagi dans l’espoir que la boucherie s’arrête: en 2014, lors de la pire offensive jamais menée contre Gaza, les bombardements israéliens avaient massacré 519 enfants. En 2008 et 2009, l’opération «Plomb durci» avait emporté 320 mineur·es.

Force est de constater que ces crimes de guerre n’ont pas été suivis de sanctions par la «communauté internationale». Bien au contraire, les Etats-Unis et l’UE continuent à estimer à demi-mot qu’Israël est en droit de se «défendre» de la sorte des roquettes artisanales tirées tour à tour par le Jihad islamique et le Hamas sur Israël, qui occasionnent elles-mêmes des victimes civiles en bien moindre nombre1>. En mai 2021, 9 civils israéliens ont été tués, dont deux enfants. Les groupes armés palestiniens, eux, sont sanctionnés et considérés comme des terroristes.

Au-delà de l’absurdité de tolérer de la sorte les crimes de guerre israéliens, d’une ampleur sans commune mesure avec ceux commis par les radicaux palestiniens, c’est l’inefficacité d’une telle stratégie qui saute aux yeux. Assassinez quelques dizaines de combattants palestiniens, en massacrant au passage la population, et ce sont plusieurs centaines de nouveaux volontaires, habités d’une nouvelle rage, qui rejoindront les rangs des «djihadistes».

La seule paix possible passera par la reconnaissance de l’oppression exercée par Israël contre les Palestinien·nes, qui se traduit principalement par la colonisation, l’occupation militaire, le blocus, les expulsions et la violence armée. La très grande majorité des Gazaoui·es sont des descendant·es de Palestinien·nes chassé·es de leurs villages par Israël en 1948. Amnesty International reconnaissait en février dernier le crime d’apartheid commis aujourd’hui par l’Etat hébreu.

Mais les œillères idéologiques occidentales ne permettent toujours pas un changement de paradigme. La France en semble très éloignée: quand 34 député·s de la Nupes ont déposé cet été une résolution condamnant cet apartheid, le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti, les a assimilé·es à des antisémites…

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International Christophe Koessler Proche-Orient

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