De bon augure pour la NUPES
L’un voulait obtenir une majorité absolue sans faire campagne, l’autre misait sur la mobilisation des couches populaires pour se hisser à Matignon. Au soir du premier tour des législatives, ni Emmanuel Macron ni Jean-Luc Mélenchon ne semblent en mesure de réussir leur pari, les urnes laissant le même paysage fragmenté et désillusionné que le premier tour de la présidentielle d’avril dernier.
Certes, la déception est certainement plus vive du côté d’Emmanuel Macron. A peine un huitième des électeurs et électrices de France se sont rendu·es dimanche aux urnes pour permettre au président réélu il y a moins de deux mois d’appliquer son programme. A moins d’un sursaut, Emmanuel Macron pourrait dépendre des Républicains (droite) pour gouverner. Un camouflet inédit, même si politiquement, les convergences ne devraient pas être trop dures à trouver.
A gauche, la dynamique de la Nouvelle Union populaire et sociale (NUPES) a sans doute permis une légère poussée, du moins en pourcentages, de 29% au soir du 10 avril à 33% le 12 juin, si l’on additionne l’ensemble des tendances. Pas de quoi «renverser la table», mais assez pour tirer quelques conclusions réjouissantes. En premier lieu que l’alliance partisane a séduit: avec plus de 25% des voix, elle prolonge la dynamique qui avait propulsé Jean-Luc Mélenchon aux portes du second tour (21,9%). Ensuite, on constatera que l’unité a fonctionné alors qu’elle s’est bâtie autour de la force la plus radicale du pôle et qu’elle défendait un programme très clairement ancré à gauche. Une première dans l’histoire de la gauche française.
Au final, l’ensemble des alliés peuvent se montrer satisfaits et être encouragés à poursuivre l’expérience. Socialistes, Verts et communistes devraient obtenir chacun leur groupe parlementaire. Et la gauche ravira probablement à la droite traditionnelle le rôle de principale opposition au sein de l’Assemblée nationale. De bon augure pour la NUPES, à condition qu’elle n’oublie pas la mission qu’elle s’était assignée et qui, pour l’instant, reste en échec: la constitution d’une force populaire capable de ramener la France d’en bas dans l’arène politique.