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«Une proposition financièrement responsable»

Pour le conseiller national Michel Matter, l’initiative «Un congé parental maintenant», lancée par les Vert’libéraux genevois et acceptée par le Conseil d’Etat, offre une «durée de congé raisonnable».
Congé parental

La nouvelle est suffisamment rare pour qu’on s’y attarde. Le Conseil d’Etat soutient sans aucune réserve l’initiative vert’libérale «Pour un congé parental maintenant». En outre, il recommande au Grand Conseil de l’accepter. Bien peu d’initiatives populaires ont réussi ce tour de force.

L’initiative en question propose 24 semaines de congé parental. Par rapport au système actuellement en vigueur à Genève (16 semaines de congé maternité et 2 semaines de congé paternité), ce congé offrirait donc un gain de 6 semaines aux parents. Les pères en particulier passeraient de 2 à 8 semaines de congé, ce qui leur permettrait de mieux s’investir dans les premiers mois de vie de leurs enfants et d’alléger quelque peu les tâches reposant encore trop souvent sur les épaules de leurs compagnes. Bien évidemment, un congé parental plus long aurait été souhaitable et je ne doute pas que nous parviendrons, un jour, à une formule plus ambitieuse. Toutefois, dans le contexte actuel, seule une proposition financièrement responsable a une chance de passer les écueils politiques. C’est la raison pour laquelle les Vert’libéraux ont opté pour une durée de congé «raisonnable».

D’autre part, deux autres éléments importants renforcent la pertinence de cette initiative. Premièrement, ce nouveau congé parental est ouvert aux couples de même sexe ainsi qu’aux parents d’adoption. Ce faisant, il inclut la plupart des formes de parentalité. Deuxièmement, il offre une petite flexibilité aux parents qui peuvent transférer deux semaines de congé entre eux, ce qui permet une meilleure prise en compte de la diversité des trajectoires professionnelles et sociales.

Bien sûr, on pourrait rétorquer qu’un tel congé doit être institué au niveau fédéral et non cantonal. Toutefois, force est de constater que les forces progressistes sont encore loin d’avoir réussi à rassembler la masse critique nécessaire pour faire bouger la Berne fédérale. Plusieurs cantons suisses alémaniques en particulier n’ont pas encore acquis la conviction qu’un tel congé est nécessaire (comme l’échec d’une récente initiative populaire zurichoise tend à le démontrer). La Suisse risque donc de demeurer pour plusieurs années le pays européen le moins avancé en la matière. Toutefois, la situation est différente à Genève, où la population a montré qu’elle souhaitait progresser rapidement en acceptant un congé paternité fédéral à près de 80%, en 2020. C’est pour cette raison que les Vert’libéraux genevois ont pris les devants.

La balle est désormais dans le camp du Grand Conseil. L’examen d’une initiative de ce type constitue une étape cruciale avant le vote de la population (qui interviendra obligatoirement en 2023 ou 2024 puisque l’initiative est constitutionnelle). Il importe désormais de convaincre les forces politiques réticentes en leur montrant notamment qu’un congé parental de cette longueur rapporte plus à l’économie que ce qu’il coûte. C’est d’ailleurs ce que montrent toutes les récentes études de la Commission fédérale pour les questions familiales (COFF). Le monde de l’économie, y compris les petites PME genevoises, n’a rien à craindre de ce congé tant il est raisonnable et pragmatique.

Michel Matter est conseiller national Vert’libéral genevois.

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