Opinions

A quand l’imagination au pouvoir?

A quand l’imagination au pouvoir?
Se déplacer coûte plus cher: réfléchissons à l’aménagement et l’étalement urbain. KEYSTONE
Économie

Le prix du litre d’essence à la pompe augmente. Un effet collatéral de la guerre en Ukraine. Résultat: les partis bourgeois rivalisent d’imagination pour pallier cette hausse. Une dizaine de motions ont été déposées pour soi-disant soulager le porte-monnaie des consommateur·trices. L’automobiliste est une bonne vache à lait politique, un créneau porteur pour des formations qui ne dédaignent pas de jouer la carte populiste afin d’attirer le chaland. Tous ces textes relèvent en effet du réflexe pavlovien, ou plus prosaïquement du «Yaka» baisser les taxes voire les impôts.

Fort heureusement, le Conseil fédéral a refusé cet effet de meute et annoncé vouloir réfléchir sur la durée. Ce qui est l’évidence. Une taxe n’est pas une variable d’ajustement. Elle est censée influer sur les comportements pour les mener vers des objectifs, davantage de durabilité dans ce cas d’espèce.

Vouloir baisser coûte que coûte le prix du litre à la pompe est en fait une esquive qui permet d’éviter de se questionner sur de multiples sujets: pourquoi une telle dépendance aux énergies fossiles? Pourquoi les pays qui produisent du pétrole ou du gaz sont-ils souvent des dictatures? Comment répondre au défi climatique et réduire notre empreinte carbone?

Toutes ces questions qui portent sur le long terme sont sacrifiées au court terme: alimenter coûte que coûte la machine économique et empêcher qu’elle se grippe. Mais, en l’occurrence, ce blocage est inéluctable. Des choix cruciaux nous attendent et plus tôt certaines décisions seront prises, moins la facture sera douloureuse. Se déplacer coûte plus cher: réfléchissons à l’aménagement et l’étalement urbain. L’hyper spéculation vide nos centre-ville: cela justifie certaines protections des locataires que cette même droite combat. Les types de mobilités choisis pèsent de tout leur poids: osons donc d’autres politiques publiques.

Les coronapistes – attaquées par des recours peu opportuns – sont une réponse simple, efficace et attendue. Il serait possible d’agir au niveau du prix des transports en commun ou de subventionner l’acquisition de vélos électriques. Qu’attend-on pour prévoir dans les législations des mesures pour obliger un peu sérieusement les constructeurs à inclure des garages à vélos facilement accessibles dans leurs immeubles?

Ces pistes de réflexion sur le long terme peinent à émerger. Il a fallu se battre pour qu’un réseau RER embryonnaire voit le jour au bout du lac. La suite reste dans les limbes. Tout cela réclame efforts, imagination et travail; il est tellement plus simple et moins fatiguant de faire du populisme de bas étage.

Opinions Philippe Bach Économie Climat

Autour de l'article

Connexion