Doses de mauvaise foi
Un subtil maquillage. Pour embellir ses comptes et montrer qu’elle est une bonne élève en matière d’aide au développement, la Suisse a recours à des petits arrangements… validés par l’OCDE. Notamment en dopant ses dépenses à destination du Sud. Comment? En y incluant les doses de vaccins excédentaires, notamment contre l’épidémie de Covid livrées à des pays moins riches. L’ONG Alliance Sud a levé ce lièvre et dénoncé mardi la manœuvre via un communiqué.
Même avec ce coup de pouce –à 6,72 dollars la dose–, la Suisse reste très en-deça de l’objectif des 0,7%, recommandé au niveau international. En 2021, ces dépenses sont passées de 0,48% à 0,51% du revenu national brut. Selon les calculs d’Alliance Sud, la Suisse pointe au 8e rang, derrière plusieurs pays nordiques, l’Allemagne et la France. L’incorporation des vaccins n’est pas le seul toilettage. Les dépenses pour les demandeurs d’asiles durant leur première année de séjour en Suisse sont également imputées à l’aide au développement. Soit 9,4% de l’enveloppe permettant d’atteindre les 0,7%.
Mais la manœuvre sur les doses de vaccins est particulièrement pernicieuse. Dans le cas du Covid, la ruée des pays riches sur ces lots s’est faite au détriment des pays en voie de développement. Refourguer ensuite le surplus non utilisé fleure bon le cynisme. Sans oublier les cas où, lorsque les cargaisons sont arrivées dans les pays du Sud, les vaccins étaient périmés….
Ne parlons même pas des bâtons que les Etats-Unis et la Suisse mettent dans les roues des promoteurs d’une levée des brevets, vu l’état d’urgence généré par la pandémie. Ceci en se réfugiant derrière le programme dit Covax de l’Organisation mondiale de la santé visant à fournir en vaccins les pays du Sud et qui peine à trouver des financements.
La Suisse pourrait verser le solde pour atteindre les 0,7% à cette plate-forme. Cela serait moins hypocrite et sauverait davantage de vies. Chiche?