Édito

Retour à la normale

Retour à la normale
L'alliance bourgeoise jubile, le dimanche 10 avril à Lausanne. Seul Michaël Buffat, UDC (2e depuis la droite), n'a pas été élu au Conseil d'Etat. KEYSTONE
Elections cantonales vaudoises

Un séisme? Voire. Le basculement à droite de l’exécutif vaudois tel qu’il s’est produit ce week-end est certes spectaculaire – une sortante est éjectée au profit d’une personne peu connue et, surtout, sans députation – mais s’inscrit dans une logique institutionnelle. Au-delà de la sanction de certains accommodements de la gauche au pouvoir – on pense au discutable soutien à la Réforme de la fiscalité des entreprises (RFFA) – il consacre surtout un retour à la normale. A savoir, que l’exécutif redevient un prolongement de la majorité parlementaire. Or, celle-ci est de droite. Si, formellement, les Vert’libéraux ne font pas partie de l’alliance de droite, ils ne s’en inscrivent pas moins dans la logique du bloc bourgeois.

Les majorités de gauche que des cantons voisins – Genève en tête – ont pu connaître ou connaissent sont souvent largement circonstancielles et liées à la division entre droite et extrême droite. Les deux fractions ayant décidé de se rapprocher, tout semble rentrer dans l’ordre. Ceci, si l’UDC, qui peut s’estimer mal payée dans l’opération, continue de privilégier une telle alliance stratégique.

Cela ne veut pas dire que cette union sacrée des partis de droite soit banale. Au contraire. La droite dite gouvernementale semble prête à toutes les alliances pour rester au pouvoir et défendre intérêts et prébendes. Si dans le canton de Vaud, on peut encore évoquer une certaine tradition agrarienne pour justifier l’acoquinement, cela est plus difficile au bout du lac. L’UDC genevoise fait bien partie de la tendance populiste mise sur orbite par ­Christoph Blocher.

Aujourd’hui, le spectacle désolant auquel on assiste est bien celui de la publication des bans de noces de raison. Et la contamination idéologique a déjà commencé. Lorsqu’un certain Eric Zemmour est venu parader en terres suisses, il s’est trouvé des député·es pour aller à la soupe. La direction du Parti libéral radical n’y a guère trouvé à redire et a benoîtement argué de la nécessité du débat démocratique. C’est vrai qu’il y avait urgence à discutailler le bout de gras avec un réhabilitateur de Pétain condamné pour incitation à la haine raciale…

Ce naufrage des valeurs sur l’autel de la Realpolitik est aussi celui auquel nous assistons chez nos voisins français avec comme conséquence une Marine Le Pen en posture présidentiable. Dans ce genre d’épousailles, une tendance prend généralement le dessus. Et l’histoire nous montre que cela se termine souvent tragiquement. Il s’agira de ne pas se laisser impressionner ou influencer par le rapport de force que la droite élargie ne manquera pas d’impulser.

Opinions Édito Philippe Bach Elections cantonales vaudoises

Dossier Complet

Elections cantonales vaudoises des 20 mars et 10 avril 2022

mardi 5 avril 2022
La course au Conseil d’Etat est bien lancée! Au printemps prochain, la population vaudoise va également élire ses député·es au Grand Conseil.

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