On nous écrit

De l’indignation

Alberto Velasco adresse une réflexion sur la manière dont sont traités les plus vulnérables dans notre société.
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Non à la guerre! Ou pour traduire: la guerre c’est mal. Qui pourrait dire le contraire sans passer pour un être ignoble? Personne. Si l’assertion apparaît comme définitive, analyser les postures prises par les uns et les autres suites à ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine soulève quelques réflexions.

La classe politique unanime expose son indignation et ouvre les cordons de la bourse pour accueillir les Ukrainiens fuyant la guerre. Tant mieux, même si on regrette qu’elle n’ait pas su le faire pour d’autres réfugiés dans des contrées plus lointaines, subissant tout autant les drames de guerres injustes déclenchées au nom d’intérêts économiques. Si la proximité peut expliquer cette tectonique des cœurs, sans doute ferait-on bien de regarder la manière dont sont traités les plus vulnérables dans notre société. Ceux pour qui la réponse promise est celle d’une privatisation des services de l’Etat, sous prétexte que «l’Etat ne peut pas tout faire».

Dans un documentaire de la RTS, un grand pénaliste de la place à qui on demandait s’il lui arrivait de travailler pro bono (gratuitement), celui-ci répondait par l’affirmative avec une phrase provocatrice de son cru «J’aime à choisir mes pauvres». Quand la gauche choisit ses indignations, elle ne fait rien d’autre que s’aligner sur cette réponse. Quand la gauche renie ses fondamentaux et oublie que la protection de la vulnérabilité ne souffre d’aucune compromission, elle ne sert que les opportunismes. En tant que militant socialiste, je pense à tous les vulnérables d’où qu’ils viennent et où qu’ils soient, qui doivent se dire que quand les dégoutés de l’injustice partiront, il ne restera plus que les dégoutants.

Alberto Velasco,
député au Grand Conseil, Genève

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