«Je veux faire une tarte en forme de cœur avec mes copains les pigeons.» La phrase prononcée par l’un des trois interprètes de Wouah! déclenche les fous rires des jeunes spectateurs et spectatrices lors d’une représentation scolaire à Am Stram Gram, après sa création au Petit Théâtre de Lausanne. Visage, porte, bottes, fleurs, arbre… Une suite de mots articulés en alternance avec des gestes embarque les enfants dans une facétie d’inspiration dada composée par la chorégraphe lausannoise Nicole Seiler, qui s’adresse pour la première fois au jeune public. La metteuse en scène Muriel Imbach en signe la dramaturgie.

Tout a commencé par un travail sur la voix mené à la Manufacture-Haute Ecole des arts de la scène avec des étudiant·es en première année, dont Hortense de Boursetty, Colline Cabanis et Gabriel Obergfell. Aujourd’hui diplômés, ce sont eux que l’on retrouve sur scène.

Ne cherchez pas une histoire à proprement parler avec un début, un milieu et une fin. Bienvenue dans le monde de la chorégraphie, où la gestuelle du corps parle en premier et utilise la parole comme un accessoire de jeu, au même titre que les décors.

Ces décors, ce sont surtout les tissus multicolores qui jonchent le plateau du théâtre genevois. Tantôt zébrées, tantôt scintillantes, les étoffes forment des motifs sur la scène et mettent en relief une géométrie des formes, rectangles, carrés que les enfants reconnaîtront aisément, dont une flèche en «peau de zèbre» qui sort du lot et attire le regard dans un ensemble bien organisé.

Ces tissus méticuleusement disposés par le trio de danseuses et danseurs en short – costume amusant, là aussi décalé – seront finalement balayés et remisés dans un coin. Ils finiront par entrer de nouveau en scène et créer l’illusion d’une impressionnante créature éclairée de faisceaux lumineux.

Le spectacle crée des effets de surprise en jouant sur les décalages et l’absurde grâce aussi aux artifices du son et de la lumière. Il active avant tout la puissance visuelle du spectateur et le phénomène de la perception. Déroutant pour certain·es, Wouah! incite surtout à ne jamais prendre pour acquis ce que l’on a sous les yeux en cultivant l’art de s’émerveiller.