Édito

Le libéralisme appliqué à l’école

Le libéralisme appliqué à l'école
Ces deux dernières semaines à Genève, des foyers infectieux ont touché cinq crèches, 41 classes au Cycle d’orientation et... 174 classes du primaire. KEYSTONE
Genève

L’attentisme des autorités sanitaires et politiques face à la recrudescence des contaminations dans les écoles donne la désagréable impression que nous nous laissons surprendre, comme si nous n’avions pas appris grand-chose des quatre vagues précédentes. Rien qu’à Genève, il y a eu ces deux dernières semaines des foyers infectieux (plus de trois cas de Covid-19 confirmés en laboratoire) dans cinq crèches, 41 classes au Cycle d’orientation et… 174 classes du primaire! La situation a beau s’emballer depuis des semaines, les autorités ont refusé de procéder à des tests généralisés et systématiques dès les premiers cas détectés, laissant les contaminations s’étendre. Elles ont également sciemment écarté la possibilité de mettre en quarantaine les classes touchées. Une posture légitimée par la prétendue bénignité du Covid sur les enfants. Si cela est fort heureusement vrai dans l’immense majorité des cas, il y a tout de même aujourd’hui quatre enfants de moins de 16 ans hospitalisés aux HUG avec une infection au Covid-19, dont un aux soins intensifs.

Acculées, les autorités ont introduit lundi le masque dès 8 ans, sans prendre la peine de communiquer ni d’expliquer correctement la mesure. Enfin, alors que trois cantons avaient déjà décidé d’anticiper ou de prolonger les vacances de Noël, le canton a informé jeudi en fin de journée qu’il serait laissé aux parents le libre choix d’envoyer leurs enfants à l’école, ou pas, la semaine prochaine. Une décision de prime abord frappée au coin du bon sens au vu de la situation épidémiologique. D’autant, comme nous l’écrivions en début de semaine, que des familles avaient d’ores et déjà décidé de retirer leurs enfants de l’école avant l’heure, au vu du respect très aléatoire des quarantaines et des recommandations à se faire tester. Aujourd’hui, le Département de l’instruction publique et le service de la médecin cantonale entérinent donc des décisions déjà prises par certain·es. Mais pour les autres, de quel libre choix parle-t-on, au juste?

Sous couvert d’équité, c’est plutôt la loi de la jungle. Ou le libéralisme appliqué à l’école. En ne fermant pas les établissements scolaires, en ne choisissant pas l’option de l’accueil minimal pour les familles qui ne peuvent faire autrement, les autorités font reposer sur leurs épaules tout le poids de la décision et sa cohorte de dilemmes. Elles préservent enfin l’employabilité des parents, qu’ils soient ou non en télétravail, et donc les intérêts bien compris des entreprises qui pourront exiger de leurs salarié·es leur totale disponibilité.

Opinions Édito Christiane Pasteur Genève Covid-19 Ecoles Santé

Autour de l'article

Connexion