Le mot de la traductrice – Monique Kountangni

Monique Kountangni évoque la «déroutante simplicité syllabique» des poèmes de Jenny Molberg et le défi de transposer leur élan et leur densité.
Le mot de la traductrice - Monique Kountangni 2
Photo: DR

«Tu viendras jusqu’ici, tu n’iras pas au-delà» (Job 38.11) pourrait, à mon sens, qualifier la proposition de Jenny Molberg qui nous invite – par un tissage serré et rythmé, une langue dépouillée et dense, une structure originale et puissante – à travers un recueil de textes singuliers à être les témoins d’un double acte de désobéissance. D’une part, porter au regard, par une séquence de poèmes épistolaires, des violences vécues à huis clos au sein de relations (dites) amoureuses et d’autre part, poursuivre par une série de textes évoquant l’addiction d’une mère et la nature complexe d’une relation parent-enfant touchée par l’alcoolisme. En thématisant la maltraitance, Refusal cherche à briser les silences et à interroger une misogynie culturelle qui pèse sur les femmes.

Références bibliques et emprunts mythologiques se mêlent à cette déroutante simplicité monosyllabique de l’anglais qui pose avec un matériau «simplissime» une construction sophistiquée, laquelle constitue une véritable gageure pour une traduction française. Dans ce contexte spécifique, le traduire a représenté, pour moi, un processus de lecture-relecture/coupe-découpe et une analyse attentive de l’intertextualité suivie d’une réflexion qui a engendré des choix – parfois transcréatifs – visant à respecter le fond et la musicalité soutenue par ce rythme qui ressemble souvent, dans les poèmes de Jenny Molberg, à celui d’une survivante au souffle coupé par sa course effrénée pour (sur)vivre.

Dans cette traduction, j’ai fait mien ce refus de se laisser anéantiser et ce choix (in)conscientisé d’embrasser un véritable élan de Vie auquel j’invite, à mon tour, toute personne concernée par ces thématiques, en transposant les mots de Jenny Molberg en français.

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