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Des concepts tout relatifs

Alain Rouget estime que certains termes, durant cette crise sanitaire, sont utilisés à tort et à travers.
Débats

Dans la crise sanitaire actuelle, deux mots sont particulièrement galvaudés: liberté et discrimination. Galvaudés, c’est le bon mot: mal compris, mal utilisés, brandis à tort et à travers.
Liberté? Nous ne sommes jamais vraiment libres, limités ne serait-ce que par les possibilités restreintes de nos corps, et bien sûr par la liberté des autres. La liberté doit être vue plutôt comme un désir, une aspiration, que comme une réalité fixée.

Lorsqu’un danger menace sérieusement la société, il est normal et même nécessaire que la liberté personnelle s’efface devant le bien-être collectif. Ce faisant, on contribue, in fine, au bonheur individuel, la collectivité étant constituée… d’individus. Discrimination? Dès lors qu’un choix de société est laissé libre, des groupes différents auront nécessairement des droits et des devoirs différents. Le groupe B peut se sentir discriminé par le groupe A, mais le groupe A peut ressentir la même chose vis-à-vis du groupe B.

Dans le cas de la vaccination, un effort minime est demandé. Ceux qui refusent cet effort sont moins bien traités que les vaccinés, mais ils se sont mis eux-mêmes dans la situation d’être discriminés. Et les vaccinés peuvent à leur tour se sentir discriminés. L’existence d’un groupe non vacciné oblige les vaccinés à sacrifier une partie de leur liberté; ils doivent continuer à se protéger.

Conclusion: liberté et discrimination sont des concepts tout relatifs. La liberté n’est jamais complète et nous sommes toujours les discriminés ­d’autrui.

Alain Rouget, médecin, Plan-les-Ouates (GE)

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