Livres

L’art de se mettre à nu

Cette chronique littéraire a été écrite par un étudiant en Lettres de l’université de Genève, dans le cadre d’un atelier d’écriture animé par Magali Bossi et Natacha Allet.
L’art de se mettre à nu
Roman autobiographique

Signé par Claudia Durastanti, L’Etrangère retrace les souvenirs les plus marquants de la vie de l’autrice. Née de parents sourds, Claudia grandit dans un environnement instable, caractérisé par les va-et-vient de sa famille entre le quartier italien de Brooklyn et un village rural de Basilicate, en Italie. Le récit suit son passage de l’enfance à la vie adulte.

Claudia est obsédée par les livres. Sa mère, quant à elle, est incapable de comprendre le langage figuré. L’Etrangère raconte donc l’histoire d’une fille qui a dû s’éduquer seule, ses parents étant trop passionnés, trop instables, trop isolés de la société pour lui servir de modèle. Mais quel rapport entretenir avec le monde lorsqu’on descend d’une chimère, d’un accident dans le réseau nerveux qui rend défectueux tout ce qui l’entoure?

Pour Claudia, «écrire sur soi-même, s’écrire, cela signifie se rappeler que vous êtes nés en colère». Cette colère se traduit dans le texte par une violence très forte, quasi systématique dans la première partie où l’autrice ponctue ses paragraphes avec des phrases courtes, souvent incisives et qui agissent comme des coups de couteau. Le ton de l’œuvre va toutefois légèrement s’égayer, au fur et à mesure de l’avancée du récit, qui s’éloigne peu à peu de la vie dramatique des ­parents.
En passant du handicap à la vision de l’amour comme un idéal de perméabilité, L’Etrangère marque par son caractère intimiste. L’œuvre saisit dès lors la vie de son autrice, sans artifice purificateur, facilitant l’identification et la sympathie.

Claudia Durastanti, L’Etrangère, trad. de l’italien par Lise Chapuis, Ed. Buchet-Chastel, 2021, 284 pp.

Culture Livres Utsav Gautam Roman autobiographique

Connexion