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La chute horizontale

Cette chronique littéraire a été écrite par un étudiant en Lettres de l’université de Genève, dans le cadre d’un atelier d’écriture animé par Magali Bossi et Natacha Allet.
La chute horizontale
Roman

Dans son quatrième roman, Avec Bas Jan Ader, Thomas Giraud raconte sa version de l’histoire du performeur hollandais de la chute. Son écriture à la deuxième personne du singulier rapproche de cet être à part, loufoque, dont les performances nous rappellent inexorablement à notre propre vie, comme l’a saisi Jean Cocteau en son temps: «La vie est une chute horizontale.» La proximité avec l’artiste devient telle qu’on a l’impression de chuter soi-même, de ressentir le mal de mer qui la suit, cette même mer qui vit l’artiste disparaître à bord de son bateau, le Ocean Wave, en 1975. Accident ou suicide? En tout cas, une fin mystérieuse pour cette dernière performance, In Search of the Miraculous

Des questions entourent également son père, Bastiaan, fusillé par les nazis alors que Bas n’avait que 2 ans. Face à cette absence omniprésente, la chute est-elle une manière pour Bas de se rapprocher de ce père et de ses derniers instants? Toute chute est néanmoins précédée d’un moment de suspension, un motif présent dans cette œuvre où le jugement du réel est suspendu à la plume de l’auteur, laissant place à la subjectivité propre au genre du roman biographique, dans une chronologie originale faite d’entremêlements. Enfin, cette suspension se retrouve dans le style de Giraud: poétique, léger et facétieux, évitant l’écueil du pathos. Ainsi imagine-t-il le rapport qu’entretient Bas avec ses chutes: «Tu les feras avec sérieux, même si tu ne prononces pas ce mot, sérieux, dont tu te méfies, on est rarement sérieux quand on a besoin de le préciser.»

Thomas Giraud, Avec Bas Jan Ader, Ed. La Contre allée, 2021, 177 pp.

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