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Ainsi va la vie

Cette chronique littéraire a été écrite par un étudiant en Lettres de l’université de Genève, dans le cadre d’un atelier d’écriture animé par Magali Bossi et Natacha Allet.
Ainsi va la vie 1
Roman

«Depuis ce jour, Ae Ja ne semble plus vraiment vouloir mourir. Déjà morte, elle ne tente plus de se tuer, se contentant de suspendre à tout bout de champ toute activité nécessaire à la survie.» Je vais ainsi raconte l’histoire de deux sœurs, So Ra et Na Na, dont le destin se lie à celui qui deviendra leur grand frère de cœur, Na Ki, un garçon vivant seul avec sa mère. L’histoire se déroule en Corée du Sud. Les rapports fraternels dominent le récit; bienveillante quand elle implique Na Ki, la relation qui lie les deux sœurs est à l’inverse plus conflictuelle. Ae Ja, la mère, incarne la mollesse, l’incurie, comme le révèle sa grande passivité. Elle subit le temps, spectatrice de l’évolution de ses enfants. Le titre du roman, Je vais ainsi, exprime cette abdication face à la vie.

Les voix de So Ra, Na Na et Na Ki se donnent à entendre à tour de rôle, ce qui rend frustrant le passage d’un univers mental à l’autre. Cet inassouvissement maintient cependant la curiosité en éveil. Malgré la mention d’un McDonald’s ou une référence aux Power Rangers, le récit semble évoluer dans une époque antérieure à celle de la Corée du Sud contemporaine, tant les traditions et les rituels sont omniprésents – ainsi, les offrandes aux défunt·es ou la cuisine. Ces pratiques font porter un regard plus global sur une culture non occidentale. S’il y a peu d’actions, l’intérêt du roman réside dans l’immersion au sein des pensées des personnages, très différentes de leur quotidien médiocre. Tout cela développé avec sobriété par Hwang Jungeun.

Hwang Jungeun, Je vais ainsi, trad. du coréen par Jeong Eun Jin et Jacques Batilliot, Ed. Zoé, 2021, 240 pp.

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