Après l’accalmie, le gros temps
Comptes2020
Alors que nous tablions sur une année difficile lors de l’établissement du budget, les comptes clôturent sur un bénéfice grâce à l’ensemble des aides reçues durant la pandémie. Cela a permis de réduire le déficit cumulé. Heureusement, car la situation s’est rapidement détériorée et nos prévisions sont sombres pour l’année en cours et les suivantes. Le fait d’avoir pu faire quelques réserves nous donne un peu de temps pour déterminer une stratégie et si nécessaire prendre les décisions difficiles.
Des aides publiques…
Des aides fédérales ont été décidées par le Conseil fédéral pour venir en aide à la presse, durement touchée par une baisse importante des recettes publicitaires liées au confinement. Elles se sont concrétisées en trois éléments: premièrement, réductions de l’horaire de travail (RHT, que nous avons demandées pour avril et mai 2020); deuxièmement, gratuité au second semestre de la distribution postale (de loin le geste le plus important) et, finalement, gratuité des frais d’agences pour la part affectée aux médias numériques.
Pour Le Courrier, ces aides ont permis de combler largement la perte due à la baisse des recettes publicitaires. Par la suite, les cantons de Vaud et de Genève ainsi que les Villes de Lausanne et de Genève nous ont commandé des annonces «de soutien». La perte de recettes publicitaires s’est finalement révélée moins importante que nous l’avions craint au printemps 2020.
… et des aides privées
Informée en 2019 des difficultés financières du Courrier prévues pour le budget 2020, la Fondation Aventinus nous a également apporté un soutien financier non négligeable.
Une proche du Courrier nous avait couchés dans son testament et nous avons reçu avec émotion cette part d’héritage.
L’ensemble de ces recettes dont certaines étaient, évidemment, imprévisibles, a permis de créer une réserve pour les salaires et les vacances ainsi qu’un versement important au fonds informatique qui permettra le renouvellement du parc informatique du Courrier ainsi que le préfinancement des travaux d’adaptation nécessaires pour le site internet.
Les graphiques ci-dessus permettent de visualiser le modèle économique particulier du Courrier, qui, à l’inverse de la presse commerciale, est majoritairement financé par les abonnements et la vente au numéro, alors que l’apport de la publicité devient de moins en moins important.
Sombre avenir
Le titre de cette page le laisse deviner, si les années 2019 et 2020 ont été favorables, financièrement parlant, la situation s’est inversée.
La courbe des abonnements baisse fortement, entraînant une baisse de revenus alors que les charges et principalement les salaires augmentent. L’enjeu des abonnements est donc crucial pour la survie du Courrier (lire ci-dessous). Deuxième enjeu crucial, la question de l’aide à la presse sur laquelle nous voterons le 13 février (lire ci-dessous également).
Enjeu crucial nº 1, le nombre de nos abonnés
Après une forte hausse du nombre d’abonnés en 2020, la courbe pique du nez.
Nous comptions 8312 abonnements au 1er janvier 2020. Paradoxalement, avec le Covid le nombre d’abonné·es monte rapidement, jusqu’en octobre 2020, puis chute vertigineusement.
Ceci est très inquiétant, puisque les abonnements représentent, et de loin, la principale ressource du journal. Pour donner une illustration, depuis le 1er janvier de cette année, nous avons perdu 193 abonnés Intégral (le plus «rentable») cela équivaut à une perte de 87 000 francs.
Par ailleurs, un des enseignements majeurs du sondage de 2020 concerne la provenance des abonné·es. Une grande majorité des sondé·es affirment avoir connu Le Courrier via des proches. Conclusion facile à tirer: les abonné·es représentent non seulement la principale ressource, mais aussi notre meilleur atout promotionnel.
Par conséquence, nous vous encourageons à parler du Courrier autour de vous. Offrez des essais à vos amis, à votre concierge et, pourquoi pas, à votre patron·ne! EFZ
Enjeu crucial nº 2, l’aide aux médias
En février prochain, les citoyens et citoyennes helvétiques se prononceront sur l’aide à la presse.
Le dispositif voulu par le législatif suisse développe le système d’aide indirecte (l’abaissement du prix de la distribution postale) et y ajoute un soutien direct pour favoriser la transition numérique1>Lire nos articles du 10 septembre et du 8 octobre., notamment des petits journaux comme Le Courrier.
C’est dire si nous vous encourageons à voter oui à ce projet et à faire voter oui autour de vous.
Car la bataille va être rude, le comité référendaire jouant sur une corde sensible, celle de l’indépendance de la presse. A ses yeux, un subventionnement par l’Etat signifierait une mainmise sur les contenus. Précisons d’emblée que ce subventionnement ne représentera qu’une toute petite partie des revenus des journaux. Les plus grands d’entre eux dépendent fortement de la publicité, est-elle neutre? Les propriétaire de journaux, des actionnaires pour la plupart, n’ont-ils aucune influence sur les contenus? Regardez ce qu’il se passe en France avec M. Bolloré… Chez nous c’est certainement plus subtil, mais pas moins efficace! L’indépendance de la presse est effectivement un enjeu, mais peut-être pas celui que l’on veut nous faire croire
A coté de son indépendance, la diversité de la presse est aussi un élément crucial pour une démocratie saine. Et c’est bien pour maintenir cette diversité que des aides directes sont nécessaires (elle devraient même être bien plus importantes!) afin que les journaux différents, à contre-courant, puissent continuer d’exister. La concentration des médias aux mains de grands groupes industriels avance et ces aides directes de l’Etat ne seront qu’un petit coup de pouce aux titres plus modestes pour qu’ils puissent survivre et résister à cette uniformisation néolibérale.
Encore une fois, votez oui à la Loi fédérale sur un train de mesures en faveur des médias. EFZ
Notes
Directrice administrative du Courrier