Il n’y a pas que le Covid qui menace la bonne marche des soins intensifs à l’heure actuelle dans notre pays. Le stress, la fatigue, le découragement et l’absentéisme du personnel soignant constituent un autre écueil d’importance. La pénurie d’infirmières et infirmiers existait avant la crise, elle n’en est devenue que plus aiguë. Qu’ont reçu les dizaines de milliers de femmes et d’hommes qui, depuis dix-huit mois, se sont donné corps et âme pour soigner, accompagner et sauver les malades de la pandémie, au détriment souvent de leur propre santé et de leur vie privée?

De la reconnaissance, indéniablement, au début surtout. Mais ensuite? A Genève, par exemple, le Conseil d’Etat et une majorité parlementaire n’ont rien trouvé de mieux que de geler les mécanismes salariaux, synonyme d’appauvrissement, notamment pour les infirmier·ères et aide-soignant·es, dont les rémunérations n’ont pas évolué ces dernières années proportionnellement à l’accroissement de leurs tâches et responsabilités.

Plus de 10 000 postes sont vacants aujourd’hui et 70 000 personnes supplémentaires seront nécessaires à l’horizon de 2030. Or près de la moitié des personnes formées abandonnent le métier dans les cinq ans suivant leur formation, soit environ 2400 personnes par année. Près de 15% des effectifs auraient quitté la profession depuis le début de la pandémie, selon l’Association suisse des infirmières et infirmiers.

Alors que la Confédération et les cantons ont déboursé des dizaines de milliards de francs pour soutenir l’économie et les emplois, dont deux milliards juste pour le secteur aérien, aucune prime n’a été délivrée au personnel soignant, à quelques rares exceptions près.

Le Covid nous a rappelé que la santé est un bien infiniment précieux. Le peuple se prononcera le 28 novembre sur l’initiative pour des soins infirmiers forts. L’occasion de donner un premier signal. Le temps de la reconnaissance collective, politique et pécuniaire a sonné, en premier lieu pour les services les plus exposés, faute de quoi, le système sanitaire suisse risque de s’effondrer.