Chroniques

Les enfants et le Covid-19

À votre santé!

Nous vivons la quatrième vague de l’épidémie avec un variant du SARS-CoV-2 plus contagieux. Le système de santé suisse est une fois encore mis sous pression par le nombre de patient·es aux soins intensifs, qui occupent déjà près du tiers des lits disponibles. Les équipes médico-infirmières travaillent à flux tendu et le retard pris dans les opérations programmées n’est pas complètement résorbé. La moyenne d’âge des patients dits «Covid-19» est de 50 ans, alors qu’elle dépassait encore les 75 ans en mars de cette année. Les personnes les plus vulnérables et qui ont vu le plus des ami·es très malades se sont bien vaccinées (80% des plus de 65 ans), les plus jeunes, moins concerné·es et encore dans la vie active, se sont moins précipité·es. Or, il n’est pas faux de dire que, globalement, les malades qui ont besoin de soins intensifs sont des non vacciné·es adultes.

Mais depuis la rentrée scolaire, un focus important est mis sur les enfants. Tous les cantons, sous l’impulsion de la Confédération, ont mis en place des systèmes de détection de cas de Covid-19 dans les écoles, soit par tests ciblés, soit par tests de masse, et ont gardé des mesures de distanciation physique y compris le port du masque pour les élèves, dès 12 ans en général.

Il faut dire que, au moins pour les plus jeunes, les enfants ne sont pas «éligibles» pour la vaccination et représentent donc un réservoir potentiel du virus. Et contrairement à la situation qui prévalait l’année passée, des tests non invasifs sont disponibles. Logiquement, dans la mesure où le virus circule encore beaucoup, les personnes les moins vaccinées sont celles qui sont les plus susceptibles d’être porteuses; on trouve donc de nombreux cas dans les écoles, a fortiori chez les plus jeunes des élèves, la plupart du temps totalement asymptomatiques.

Ce suivi dans les écoles est précieux. Les cas positifs découverts doivent être mis en isolement et leurs contacts proches non vaccinés en quarantaine; cela fait partie de la contention de l’épidémie. Mais il importe aussi de veiller à ne pas fermer trop vite des classes, voire des établissements entiers: la fermeture de 90 classes dans le canton d’Argovie en trois semaines est un signal inquiétant.

Le groupement des pédiatres vaudois a d’ailleurs rappelé dans un manifeste publié récemment que «les enfants et les jeunes ont subi, depuis le début de la pandémie, une dégradation de leur santé sur le plan psychique (anxiété, dépression, idées suicidaires, addictions…), sur le plan physique (sédentarité, obésité, blessures…), sur le plan familial (conflits, violences…), sur le plan social (isolement, perte de repères…) et sur le plan pédagogique (décrochage scolaire, abandon des études…). Ceci paradoxalement en lien avec un virus [le SARS-CoV-2] le plus souvent bénin pour cette tranche de la population». Les signataires insistent aussi sur l’importance de la poursuite définitive et sans contraintes de la scolarisation et de la formation des enfants et des jeunes, l’accueil en collectivité des enfants sans contraintes et sans mesures d’éviction supplémentaires autres que les mesures habituelles, la reprise immédiate et complète des activités socioculturelles et de loisirs en lien avec l’école (camps, voyages d’études, etc.). Il s’agit, en d’autres termes, de laisser les enfants «en dehors de tout ça».

Cette prise de position forte des pédiatres vaudois doit nous interpeller. Jusqu’où les enfants qui ne participent pas à la surcharge du système sanitaire doivent-ils «payer» pour des adultes qui n’ont pas pris la mesure de la gravité de la situation et la validité du vaccin comme arme actuellement la plus efficace pour combattre l’épidémie?
Cela devrait au moins inciter les pouvoirs publics à mettre des stratégies de contrôle de l’épidémie en milieu scolaire permettant un enseignement présentiel et serein et accepter que parfois un cluster soit mis en évidence et combattu. Les classes ne devraient-elles pas être fermées que si les entreprises et les administrations le sont aussi?

Cela mérite réflexion. Et surtout que les adultes se vaccinent!

Précision

Dans ma chronique du 20 août, je parlais de l’absurdité écologique et sanitaire de boire de l’eau en bouteille. J’évoquais notamment le cas de la commune de Vittel, dans les Vosges, «où Nestlé pompe abondamment l’eau (…) malgré un déficit inquiétant de la nappe phréatique». L’entreprise Nestlé a souhaité réagir avec le rectificatif suivant: «La seule nappe d’eau [la nappe des Grès du Trias inférieur (GTI)] en déficit sur le territoire est utilisée par de multiples acteurs: il y a des prélèvements pour la population (50%), l’agriculture et l’entretien des golfs (10%), la fromagerie (20%) et enfin pour Nestlé Waters (20%). Nous avons signé fin 2020, aux côtés des autres utilisateurs, un protocole d’engagement volontaire pour permettre le retour à l’équilibre de la nappe des GTI d’ici 2027.Comme marque de notre engagement ferme, nous avons déposé en décembre 2020 une demande auprès des autorités pour diviser par deux notre autorisation de prélèvement annuel au seuil de 500 000 m3 sur la nappe des GTI, contre 1 million de m3 actuellement. Cette demande entérine la baisse de nos prélèvements de 46% sur cette nappe sur les dix dernières années et le passage sous le seuil symbolique des 500 000 m3 prélevés fin 2020.» Donc acte… même si cela ne change pas le propos principal de ma chronique. BB

Bernard Borel est pédiatre FMH et conseiller communal à Aigle.

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lundi 8 janvier 2018

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